Le Mali prêt pour dimanche


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Le ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales travaille depuis deux ans pour que le scrutin de la présidentielle malienne de dimanche se passe dans les règles. A 72 heures du scrutin, le ministre Ousmane Sy fait le point.

De notre envoyée spéciale à Bamako

Dans moins de 72 heures, les Maliens voteront pour élire leur futur président. Les discussions et les meetings des différents candidats vont bon train à Bamako, devenue, depuis le début de la campagne, capitale politique et citoyenne. Chacun y va de son affiche, à l’arrière des voitures, sur les vitrines des magasins, accrochées aux réverbères, placardées aux troncs d’arbres. On affiche aussi son choix électoral sur un tee-shirt ou une casquette. Au milieu de cette effervescence, les différentes structures mises en place pour le bon déroulement du scrutin sont à pied d’oeuvre. Le ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales est en première ligne. Son ministre, Ousmane Sy, se montre confiant et optimiste.

Afrik.com : A moins de 72 heures du scrutin, où en est la distribution des cartes d’électeur dans le pays ?

Ousmane Sy : A Bamako, 50% de la population a sa carte. Dans le reste du pays, cela varie de 70 à 80%, voire parfois 90%. Ces chiffres ne nous affolent pas car pour nous, ils sont déjà bons, même celui de 50%. Le taux de participation n’a jamais été très élevé à Bamako et cette année nous voulons l’améliorer. Les gens ont la possibilité de retirer leur carte le jour même dans les bureaux de vote. La population du pays est au deux-tiers nomade, il faut aller la chercher pour la faire voter. Au Mali, nous mettons sur les listes électorales tous ceux qui ont 18 ans et plus. Mais nous avons encore des problèmes avec l’identification des électeurs. Un grand nombre de Maliens ne possède pas de carte d’identité. C’est pourquoi cette année, on peut voter en présentant d’autres pièces d’identification comme un passeport ou même une carte scolaire.

Afrik.com : Les présidentielles de 1997 avaient été un fiasco…

Ousmane Sy : Oui, ce qui avait donné lieu à une véritable cassure dans la classe politique malienne (les partis d’opposition avaient boycotté le scrutin, ndlr). L’élection de dimanche doit être réparatrice et montrer que nous avons dépassé tous les problèmes de 1997. Désormais, nous avons une liste électorale fiable qui a été vérifiée deux fois. Cette liste est disponible pour tous les Maliens de l’intérieur (dans toutes les communes) comme pour ceux de l’extérieur puisqu’elle est publiée sur Internet. Le scrutin de dimanche est un défi pour nous qui travaillons à son organisation depuis deux ans. C’est un événement capital pour notre pays qui va connaître l’alternance, tout au moins au niveau de l’homme qui le dirigera.

Afrik.com : Quelles innovations avez-vous mises en place ?

Ousmane Sy : Nous avons informatisé les listes électorales et introduit l’automatisation des cartes d’électeur. Avant, elles étaient remplies à la main, source d’erreurs et de trafics en tout genre. Nous avons fait un effort pour rapprocher les bureaux de vote des Maliens. Ainsi, alors que le Mali compte 12 000 villages et fractions, 11 700 bureaux ont été répartis dans le pays. Avec en plus des bureaux itinérants, qui se déplacent depuis dimanche dernier de campement en campement. Hors du Mali, 890 bureaux ont été mis en place, notamment dans les pays de forte émigration malienne comme la France, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et l’Afrique centrale. Pour accélérer la procédure, nous allons procéder à l’automatisation des résultats avec transmission par modem et fax lorsque cela est possible. Nous espérons pouvoir publier un premier résultat provisoire dès lundi soir.

Afrik.com : Malgré toutes ces précautions, on parle de cas de fraude. Qu’en est-il ?

Ousmane Sy : Il est difficile d’empêcher totalement la fraude. Pour dissuader les fraudeurs, nous avons distribué une plaquette expliquant les peines encourues. On nous a rapporté dernièrement le cas d’un militaire qui aurait tenté de vendre deux cartes d’électeur. Il a été arrêté. Pour le moment, on a comptabilisé entre 1000 et 1500 cartes disparues, ce qui est

assez peu au regard du nombre de cartes émises. Et nous allons tenir une réunion avec la Ceni (Commission électorale nationale indépendante) pour gérer ce problème.

Afrik.com : Combien d’observateurs participeront au scrutin ?

Ousmane Sy : Nous avons prévu un millier d’observateurs nationaux et nous attendons deux cents observateurs internationaux, de différents pays francophones, des Etats-Unis et de certains pays africains. De plus, chaque candidat peut avoir un délégué pour surveiller les différents bureaux de vote. Aujourd’hui, la balle est dans le camp des 24 candidats. Nous, nous sommes prêts pour dimanche.

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