
Le Ghana retrouve une part essentielle de son identité avec le retour de plus de 130 objets d’art royaux ashantis. Ces trésors, longtemps conservés dans des collections européennes, rejoignent enfin leur terre d’origine. Leur restitution illustre la montée en puissance du mouvement mondial pour le rapatriement des œuvres africaines spoliées.
Pour le royaume Asante, c’est bien plus qu’un symbole : un acte de justice historique et culturelle.
Une cérémonie royale pour un patrimoine retrouvé
Le roi des Ashantis, Osei Tutu II, a officiellement reçu les précieux artefacts lors d’une cérémonie tenue ce dimanche 9 novembre au musée du palais Manhyia, à Kumasi, capitale traditionnelle des Ashantis.
Parmi les objets rapatriés figurent des insignes royaux, des tambours et des poids d’or cérémoniels, qui revêtent une importance culturelle et historique capitale pour le royaume Asante. Ces trésors rejoignent enfin leur terre d’origine après plus d’un siècle d’errance à l’étranger.
Des institutions et des collectionneurs privés impliqués
Cette dernière vague de restitution provient de deux sources majeures en Europe. La majorité des objets, soit 110 artefacts, faisait partie de la collection du musée Barbier-Mueller de Genève, en Suisse, collection rassemblée par Josef Mueller dès 1904.

Vingt-cinq autres objets ont été donnés par l’historienne de l’art britannique Hermione Waterfield, co-fondatrice du département d’art premier chez Christie’s. Selon le directeur du musée du palais Manhyia, Ivor Agyeman-Duah, ces dons incluent un tambour en bois qui aurait été saisi par les forces coloniales britanniques lors du siège de Kumasi en 1900, une période de violence où de nombreux trésors ashantis furent dérobés.
Un mouvement de restitution en pleine accélération
Ce rapatriement s’inscrit dans un mouvement global de restitution qui a pris de l’ampleur ces dernières années. Les démarches des autorités ghanéennes pour le retour des objets d’or pillés sont de plus en plus fructueuses.
Déjà en 2024, le musée du palais Manhyia avait accueilli 67 objets, restitués ou prêtés, par de grandes institutions internationales telles que le British Museum et le Victoria and Albert Museum de Londres, ainsi que le Fowler Museum de Los Angeles. Le roi Osei Tutu II a également tenu à remercier la société minière sud-africaine AngloGold Ashanti pour avoir restitué plusieurs pièces acquises sur le marché libre. Ces retours successifs soulignent la pression grandissante exercée sur les institutions occidentales pour qu’elles rendent les œuvres d’art africaines spoliées.




