Le Dakar est sénégalais


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André Mathieu, Secrétaire général de Fédération sénégalaise des sports automobile et motocycliste

La 26e édition du Dakar 2004 se tiendra du 1er au 18 janvier prochains. Le Sénégal présente la plus forte délégation africaine, avec quinze participants. Deux fois plus que l’an dernier. André Mathieu, Secrétaire général de la Fédération sénégalaise des sports automobile et motocycliste, explique ce qui pousse les Sénégalais à s’investir dans cette compétition.

Retour aux sources. Après s’être exceptionnellement achevé en Egypte l’an dernier, le Paris-Dakar s’achèvera à nouveau dans la capitale sénégalaise. La 26e édition du rallye mythique commencera le 1er janvier prochain à Clermont-Ferrand (centre de la France). Au programme, 11 163,5 km de tracé à travers l’Espagne, le Maroc, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso et le Sénégal. Un périple de 17 étapes pour les 616 participants qui se terminera, le 18 janvier, sur les rives du Lac Rose, à 37 km de Dakar. Le Sénégal affiche la plus importante délégation et double cette année le nombre de ses engagés. André Mathieu, Secrétaire général de la Fédération sénégalaise des sports automobile et motocycliste (FSAM), donne les raisons de cet engouement, qui contraste avec l’absence d’autres pays africains.

Afrik : Les participants sénégalais sont deux fois plus nombreux cette année. Comment expliquez-vous leur engouement pour cette compétition ?

André Mathieu : Cette année, quinze Sénégalais participent à la compétition : cinq équipes de deux dans la catégorie automobile, deux motards et un trio pour le camion. Bien plus que les années précédentes. Cela peut être expliqué par le fait que le pays, surtout les jeunes, baigne dans la culture du Dakar depuis son commencement, il y a près de 26 ans. Il y a également une dimension affective car le Sénégal s’est beaucoup investi pour développer cette compétition. Les Sénégalais ont donc une légitimité à vouloir y participer, d’autant plus que le Paris-Dakar ne s’appelle plus maintenant que le Dakar. Ils sont chez eux dans ce rallye.

Afrik : Comment sont formés les pilotes sénégalais ?

André Mathieu : La Fédération sénégalaise des sports automobile et motocycliste organise les compétitions et les championnats d’auto, de moto et de karting. Autant de chances pour les Sénégalais de s’entraîner et de se perfectionner. Nous avons donc des sportifs qui se débrouillent plutôt bien, même s’ils ne peuvent pas gagner contre les grandes usines. Du coup, les entreprises locales sont aussi attirées par cet événement, qui est également un produit, et sponsorisent de plus en plus les participants.

Afrik : Les autres pays africains sont-ils aussi impliqués que le Sénégal dans le Dakar ?

André Mathieu : L’Algérie, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger et le Sénégal ont développé une réelle culture du Dakar, notamment grâce à leur fédération des sports automobile et motocycliste. Ils présentent donc des candidats pour ce rallye. La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ont un engouement plus restreint. Les fédérations du Nigeria et de la République Démocratique du Congo, par exemple, organisent des compétitions nationales, mais les participants sont trop loin pour voir le Dakar. Ils ne s’y investissent donc pas.

Afrik : A combien revient la participation au Dakar ?

André Mathieu : L’engagement payé auprès de l’organisateur s’élève à environ 9 900 euros par personne. Après réservation de l’équipement (balises, GPS,…), cette somme peut grimper jusqu’à 14 000 euros. A cela, il faut ajouter l’achat d’un véhicule qui, pour certains, dépasse de loin le coût de la participation.

Afrik : Quelles sont les difficultés du parcours 2004 ?

André Mathieu : L’an dernier les participants ont dû évoluer dans le désert est-africain (l’édition 2003 s’est terminée en Egypte, ndlr) qui est plat, avec une terre dure. Il y avait de la poussière, mais les traces restaient bien visibles. Cette année le parcours repasse par le désert d’Afrique du nord tel que nous le connaissons. Avec ses cailloux, ses dunes mouvantes, le vent…Savoir conduire ne suffit pas. La trace d’hier n’existe pas aujourd’hui. C’est-à-dire que vous pouvez faire le trajet du Dakar cette année et refaire le même l’an prochain en ayant l’impression qu’ils sont complètement différents. C’est d’ailleurs ce type de changements qui a conduit des équipes à se perdre pendant des jours et même pire pour certaines, qui n’ont jamais été retrouvées.

Afrik : Quelles sont les règles de sécurité en matière de vitesse ?

André Mathieu : Lorsque les participants effectuent une liaison, ils doivent, par exemple, respecter la limitation de vitesse de 50km heure en ville et 30 dans les villages. La réglementation est très stricte. Les automobiles sont équipées d’un auto-radar, une sorte de mouchard. A chaque étape, ils sont récupérés. Si un excès de vitesse est enregistré, le participant devra payer environ 1150 euros d’amende, qui seront reversés au village où l’infraction a été commise. Il y a toujours des inconscients, mais en règle générale, les participants font attention. Vu l’argent qu’ils ont dépensé pour participer à la course, il n’est pas dans leur intérêt d’accumuler les amendes. Ce serait un gros frein pour poursuivre.

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