Le Coran et la Bible, contraires à la science ?


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On oppose souvent religions et sciences, religieux et scientifiques. Or, certains n’y voient pas de contradiction et tentent même de le prouver scientifiquement, à l’instar de Maurice Bucaille. Cet ancien médecin de la famille du roi Fayçal d’Arabie Saoudite et de membres de la famille de l’ancien président égyptien Anouar el-Sadate, a voulu démontrer à la lumière de la science, la « véracité » du Coran et les « erreurs » de la Bible. Référence pour certains, imposteur pour d’autres, le Français a en tout cas fait parler de lui.

Médecin de personnalités de la région, Maurice Bucaille s’est d’abord intéressé aux pharaons d’Egypte. Il prend même la direction d’études sur les raisons de la mort de momies comme celles de Merenptah ou de Ramsès II, avec les collaborations de Français et d’Egyptiens spécialisés dans diverses disciplines médicales. Il reviendra par la suite à l’Egypte antique. Mais en 1976, il publie la Bible, le Coran et la science, et devient rapidement une référence du concordisme musulman, en s’appuyant sur les travaux de Muhammad Amidullah, célèbre chercheur et théologien musulman. Cette méthode controversée vise à faire concorder les religions et les sciences, coïncider les textes religieux avec les découvertes scientifiques et les événements historiques.

Il soutient que le Coran est scientifiquement exact contrairement à la Bible. En effet, il décrit le Coran comme étant en accord parfait avec les connaissances modernes sur la création de l’univers, de la terre, de l’espace, sur les mondes animal et végétal ou encore sur la reproduction humaine. Bucaille affirme donc que le message révélé au prophète Mohammed, un illettré, détail important d’après lui, est la véritable parole de Dieu puisque personne ne peut l’infirmer scientifiquement. A contrario, à ses yeux, il est aisé de le faire concernant la Bible et les Evangiles, notamment à propos de la date de l’apparition de l’homme sur terre, du récit du Déluge, de la généalogie de Jésus ou encore la création de la Terre. C’est sur ce dernier point qu’il insiste tout particulièrement.

L’exemple de la Création

Maurice Bucaille s’attaque à la Bible, lorsqu’elle décrit la Création en la divisant en six « jours » (« yom » en hébreu), auxquels elle rajoute le septième jour du repos de Dieu. Il déclare que la science a prouvé que la formation de l’univers et de la terre est à diviser en périodes extrêmement longues et non en « jours ». Le Coran ne dévie pourtant pas de cette description. Or, il réexamine le sens du mot « jours » (« yawm » en arabe), en soulignant qu’il désigne en réalité une période de temps différente. Le mot ayant plusieurs sens en arabe, dont un qui décrit une période de temps sans en énoncer la durée. Il se base sur deux versets coraniques (verset 5, sourate 32 et verset 4, sourate 70) où il est signifié « un jour équivalant à 1 000 fois votre calcul » dans le premier passage et « un jour dont la durée est 50 000 ans » dans le second.

Bucaille critique également certains extraits bibliques qui déclarent que la terre était au départ une masse gazeuse avant la venue de l’eau, que les « bêtes de la terre » ne sont apparues qu’après les oiseaux, ou encore que l’homme est venu alors qu’il n’y avait pas de végétation.
Ainsi, il soutient que l’Ancien Testament et les Evangiles ont été modifiés suite à de multiples traductions et corrections, alors que le Coran est resté inchangé.

Son exégèse a bien sûr été critiquée. Certains l’accusent, à l’instar de William F. Campbell, médecin et spécialiste des religions, de ne pas analyser de la même façon la Bible et le Coran, en usant de sévérité avec l’une et d’interprétation subjective avec l’autre. Il utiliserait ainsi la richesse de la langue arabe afin de trouver le sens qui l’arrange et choisirait arbitrairement les hadiths (textes relatifs aux actes et aux paroles de Mohammed), en définissant comme « faux » ceux en contradiction avec la science. De même, il est soupçonné de trouver des significations scientifiques à travers les métaphores du Coran là où il n’y en a pas. En revanche, il ferait en sorte de révéler des erreurs scientifiques dans la Bible, toujours à partir de son interprétation propre des métaphores. Maurice Bucaille est certes devenu une référence pour nombre de musulmans, mais a également perdu beaucoup de crédibilité à travers le monde en tant que scientifique.

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