Le cinéma, la septième chance d’Edea Darcque


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C’est une jeune femme sympathique et pleine d’optimisme qui a pris la peine de se déplacer dans les locaux d’Afrik. Edéa Darcque, actrice française d’origine camerounaise, revient sur sa jeune carrière au cinéma. Ce cinéma qu’elle considère comme une véritable chance et une opportunité formidable. Et elle s’emploie, tous les jours à être à la hauteur, pour mieux la savourer.

« J’ai un bac C, je suis issue d’une famille modeste d’immigrés où il était très important de faire des études. Mais avec moi, la dernière (Edéa est la benjamine d’une famille recomposée de quatre enfants, ndlr), ma mère a été beaucoup plus souple, on m’a laissée faire ce que je voulais. Ma première passion a été la mode et mon idole Grace Jones. C’est une femme, pas une bimbo. Je l’adorais et elle reste, encore aujourd’hui, mon modèle. Et j’ai bien fait d’arrêter LEA (Langues étrangères appliquées, cursus universitaire, ndlr) pour le cinéma ! ». Voilà qui est dit. Pour Edéa Darcque, née en 1975 à Ayos (Cameroun) et qui débarque à Paris, à l’âge de trois ans, le cinéma est une rencontre fortuite qui s’est transformée en une aventure savoureuse. Sa mère l’encourageait à faire carrière dans le mannequinat. C’est qu’à quinze ans, la jeune fille est déjà une véritable asperge.

De la mode au cinéma, il n’y a que la télé

Mais le destin en décide autrement. Elle sera actrice. En effet, jeune férue de mode, Edéa participe à de nombreux concours de beauté. Elle finit, en 1993, par être sacrée Miss beauté noire. L’année d’après, elle prend part au même concours qui est, cette fois-ci, couvert par Envoyé Spécial, une émission de la chaîne nationale France 2. Puis s’ensuit un article dans Télé 7 jours, un hebdomadaire de programme télé. Il lui ouvrira, en 1995, les portes du septième Art, par l’entremise de son agent, Arlette Berthommé qui la découvre ainsi. D’emblée, elle lui fait rencontrer Bertrand Blier. « Après, ça a été plus difficile », avoue l’actrice qui se souvient de ses débuts. « J’étais bourrée de doutes, très timide, pas très à l’aise avec mon corps. Il fallait que je casse le stéréotype du mannequin, que je devienne une actrice », confie-t-elle. Pendant deux ans, Edéa Darcque prend des cours de théâtre au cours Florent. Mais le théâtre n’est, pour elle, que la voie qui mène au cinéma. « J’adore le cinéma, dit-elle, parce que j’ai été bercée, enfant, par des films comme Hibernatus, La grande vadrouille, Les aventures de Rabbi Jacob…Dans le cinéma, grâce notamment à la technique, tout est possible ».

Son truc à elle : « je me sens très proche des personnages extravagants, que ce soit dans les rôles dramatiques ou comiques. J’adore les personnages fous, un peu déjantés ». Les castings se multiplient mais elle ne se décourage pas. Et pour cause. « La famille s’est toujours investie pour moi à 100%. Quand j’avais des doutes, quand je ne travaillais pas, mon frère me disait toujours : « je ne m’inquiète par pour toi » ». Tout comme les directeurs de casting. Celle qu’on ne sélectionne pas toujours s’entend souvent dire : « on ne s’inquiète pas pour vous ». Elle finit par trouver le rôle qui la révèlera dans le film La Fidelité (2000) réalisé par Andrzej Zulawski. A l’affiche Sophie Marceau et Guillaume Canet. Elle y incarne Ina, la petite amie de ce dernier, qui sera sauvagement assassinée. L’apparition est brève mais l’actrice Edéa Darcque retient l’attention.

« Boudée » par les réalisateurs africains

« Je suis besogneuse et opiniâtre. Tout ce que j’obtiens, c’est à force de travail. Ce film a été un détonateur, ça m’a apporté quelque chose que des gens de talent valident mon travail ». Depuis, elle a rencontré d’autres pointures du cinéma français avec qui travailler est un véritable plaisir. Comme Didier Bourdon, qui a réalisé Sept ans de mariage (2002), Cathérine Frot qui y tient le rôle principal féminin ou Edouard Moulinaro, le réalisateur de la série Le Tuteur avec Roland Magdane, diffusée sur France 2. Edéa Darcque a donc des raisons d’être comblée, en dépit de sa couleur de peau, par sa carrière naissante dans l’Hexagone. « Je suis une femme noire et je ne considère pas cela comme une tare. C’est même une grande chance dans mon métier car la concurrence est moindre. C’est vraiment, aujourd’hui, un atout. Car forcément, lorsque que je corresponds physiquement à un rôle, on fait appel à moi, constate-t-elle. Je suis une comédienne noire mais pas typée « africaine ».»

Même pour les réalisateurs africains. Edéa regrette sincèrement qu’ils ne lui proposent rien alors que beaucoup de leurs castings se déroulent en France. Elle qui reste profondément attachée à ses racines. Son prénom en témoigne, c’est le nom d’une ville de son Cameroun natal. « Les réalisateurs africains me snobent. J’ai un véritable grief contre eux. Ils ne m’ont jamais auditionnée. Le seul d’entre eux que j’ai rencontré est Cheick Doucouré et c’est grâce à Mariam Kaba (Lumumba, 2002) ». Elle aimerait pourtant travailler avec Idrissa Ouédraogo. Une jolie perspective pour Mlle Darcque qui ne s’inquiète pas de son avenir bien que sa carrière ne soit qu’une suite de petits rôles. « Le meilleur est à venir », affirme-t-elle optimiste. « Le chemin est difficile mais quand on a la foi, tout finit par arriver. J’espère en avoir pour continuer. C’est la chance qui m’a conduite au Cinéma, alors je n’ai rien à revendiquer. Je laisse faire les choses, surtout ne pas les forcer. Sinon, à force de faire des calculs, on finit par vendre son âme au diable. Je suis convaincue que tout arrive au bon moment ». Ainsi soit-il !

Retrouvez Edéa Darcque dans Avocats et Associés, chaque vendredi sur France 2 et bientôt dans Mariage Blanc dans la série Le Tuteur

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