
Pendant que la princesse Lalla Hasnaa vante l’engagement écologique du Maroc au Congrès mondial de la nature, des milliers de chiens sont abattus dans les rues du royaume. Une opération de « nettoyage » qui s’accélère avant la Coupe du monde 2030. Le double discours marocain atteint ses limites.
Abou Dhabi célèbre le Maroc écologique. Rabat, elle, exécute ses chiens errants. Alors que la princesse Lalla Hasnaa défend la biodiversité devant les instances internationales, les municipalités marocaines multiplient les campagnes d’abattage. La contradiction est brutale.
Depuis plusieurs mois, les ONG de protection animale documentent une intensification des tueries. Chiens empoisonnés la nuit, abattus en pleine rue, éliminés sans protocole sanitaire. L’objectif : préparer les villes avant le Mondial 2030, que le Maroc coorganisera avec l’Espagne et le Portugal. Aucun plan officiel n’existe, mais le calendrier parle de lui-même.
La vitrine verte de Lalla Hasnaa et la réalité de béton
Pourtant, le Maroc cultive son image de champion du développement durable. Sommets internationaux, opérations de reboisement, engagements climatiques : la communication est rodée. Sur le terrain, la réalité détonne. Les chiens errants sont traités comme des déchets à évacuer avant l’arrivée des caméras du monde entier.
Les associations réclament ce que d’autres pays appliquent déjà : vaccination, stérilisation, adoption. Un modèle éprouvé en Turquie, au Brésil, en Inde. Les autorités marocaines préfèrent la solution radicale et inefficace : l’abattage massif favorise la repopulation rapide. Un cercle vicieux qui perdure faute de volonté politique.
Un choix d’image qui engage la crédibilité internationale
Le décalage devient intenable. Comment défendre la biodiversité à Abou Dhabi tout en organisant l’élimination silencieuse de milliers d’animaux ? Les ONG sont formelles : un pays ne peut se prétendre écologiste en invisibilisant systématiquement la violence qu’il exerce sur les plus vulnérables.
À quelques années du Mondial, le Maroc doit choisir. Soit il assume le fossé entre son discours vert et ses pratiques autoritaires. Soit il met enfin en place une politique animale digne de ses ambitions internationales. Pour l’instant, c’est le vernis qui craque.