
Avec l’annonce, le 23 novembre 2025, du démarrage des travaux dès décembre, le port en eau profonde de Bagamoyo quitte enfin le stade des promesses pour entrer en phase de construction, plus de dix ans après son lancement initial et plusieurs années de blocages politiques et contractuels. Présenté comme l’un des futurs plus grands ports d’Afrique de l’Est, il est au cœur de la stratégie tanzanienne pour devenir un hub logistique régional majeur.
Le 23 novembre 2025, le porte-parole du gouvernement tanzanien, Gerson Msigwa, a annoncé devant les médias que la construction des lignes de chemin de fer urbain, du port de Bagamoyo et la modernisation du port de Kigoma constituent les principaux projets d’infrastructures actuellement mis en œuvre par la Tanzanie.
Cette déclaration marque une évolution notable pour le projet portuaire de Bagamoyo, longtemps retardé mais désormais sur le point de devenir réalité.
Décembre 2025 : le début des travaux
Les travaux de construction du port de Bagamoyo débuteront en décembre de cette année. Cette confirmation officielle met fin à des années de spéculations et de reports successifs pour ce qui est appelé à devenir l’un des plus grands ports d’Afrique de l’Est.
Le gouvernement tanzanien présente le port de Bagamoyo comme un élément central d’une stratégie de développement infrastructurel ambitieuse. La construction simultanée de lignes ferroviaires urbaines et la modernisation du port de Kigoma témoignent d’une approche intégrée visant à transformer la Tanzanie en hub logistique régional.
Le contexte d’un projet mouvementé
L’Autorité portuaire tanzanienne (TPA) a alloué 22 milliards de shillings tanzaniens (prés de 8M€) pour financer les premières phases d’étude et la construction des premièresinfrastructures. Avec un accent sur des quais en eau profonde qui devront etre capables d’accueillir des navires plus grands que ceux que le port de Dar es Salaam peut actuellement traîter. Le montant reste cependant infime par rapport aux milliards d’euros que represente l’ensemble du projet.
Le projet a connu une histoire complexe depuis son lancement initial en 2013 : suspendu en 2019 par le président John Magufuli, qui jugeait les conditions proposées par les partenaires chinois « exploitantes », il a été relancé en 2021 par la présidente Samia Suluhu Hassan.
Des ambitions impressionnantes
Une fois achevé, le port de Bagamoyo devrait :
- Traiter jusqu’à 20 millions d’EVP (des conteneurs équivalent vingt pieds. Soit 6,1 metres) d’ici 2045.
- Disposer d’une capacité 25 fois supérieure à celle du port actuel de Dar es Salaam. Cela l’amenerait au niveaubdes plus grands ports comme Amsterdam ou Singapour.
- Accueillir des navires nécessitant jusqu’à 17 mètres de profondeur.
- Créer plus de 100 000 emplois directs et indirects.
Un développement économique régional
Cette nouvelle installation doit permettre à la Tanzanie à s’établir comme un hub commercial régional majeur, en offrant des services portuaires aux pays enclavés voisins tels que le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi et la République démocratique du Congo. La zone économique spéciale de Bagamoyo (BSEZ), adjacente au port, ajoutera de la valeur en servant de complexe industriel capable d’accueillir jusqu’à 760 installations manufacturières une fois entièrement construite.
Cependant, la dimension sécuritaire et politique est centrale pour attirer des capitaux dans un projet aussi coûteux et stratégique. Un point qui n’est pas assuré avec la réélection de Samia Suluhu Hassan.
Le gouvernement tanzanien espère également des retombées positives sur d’autres secteurs. Selon M. Msigwa, le tourisme connaît une croissance rapide, avec un nombre de visiteurs déjà passés de 2 millions à un objectif de 8 millions. Ainsi, l⁸’amélioration des infrastructures portuaires et de transport est appelée à soutenir cette trajectoire de croissance.



