La Mauritanie réaffirme son soutien historique au Polisario lors de la visite de Brahim Ghali


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Brahim Ghali, chef du Polisario
Le chef du Polisario, Brahim Ghali

En recevant le président de la République arabe sahraouie démocratique à Nouakchott, le président Mohamed Ould Ghazouani perpétue une tradition diplomatique mauritanienne de solidarité avec la cause sahraouie, malgré les pressions régionales croissantes pour un alignement sur la position marocaine.

La réception officielle de Brahim Ghali, secrétaire général du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), par le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, rapelle les relations fortes entre Nouakchott et le mouvement de libération sahraoui. Cette rencontre, qui s’inscrit dans la continuité d’une position mauritanienne historique, intervient dans le contexte de la nouvelle résolution de l’ONU sur le Sahara occidental.

Une solidarité ancrée dans l’histoire commune

Les liens entre la Mauritanie et le Polisario remontent aux origines mêmes du conflit saharien. En 1979, Nouakchott fut le premier pays à reconnaître officiellement la RASD, après s’être retiré du conflit et avoir renoncé à ses revendications territoriales sur le Sahara occidental par l’accord d’Alger. Cette reconnaissance précoce témoignait d’une compréhension profonde des aspirations légitimes du peuple sahraoui à l’autodétermination.

La proximité culturelle et ethnique entre Mauritaniens et Sahraouis qui partagent des traditions hassaniya, des liens tribaux transfrontaliers et une histoire nomade commune a naturellement renforcé cette solidarité politique. Des milliers de réfugiés sahraouis ont également trouvé refuge en territoire mauritanien, créant des liens humains durables entre les deux peuples.

Un équilibre diplomatique complexe mais maintenu

Malgré les pressions économiques et diplomatiques exercées par le Maroc, notamment à travers des investissements et des accords commerciaux attractifs, la Mauritanie maintient sa reconnaissance de la RASD. Cette position, qui peut sembler coûteuse sur le plan économique, reflète une vision mauritanienne de la stabilité régionale fondée sur le respect du droit international et des principes de l’Union africaine.

Le président Ghazouani, en recevant son homologue sahraoui, envoie un message clair : la Mauritanie ne renoncera pas à ses principes fondamentaux de politique étrangère, même face aux réalignements géopolitiques observés dans la région. Cette constance diplomatique renforce la crédibilité internationale de Nouakchott comme médiateur potentiel dans le conflit.

Pour les autorités mauritaniennes, le Front Polisario demeure le représentant légitime des aspirations sahraouies, reconnu comme tel par l’ONU dans le cadre du processus de décolonisation. La visite de Brahim Ghali à Nouakchott permet également de rappeler l’urgence humanitaire dans les camps de réfugiés de Tindouf, où entre 150 000 et 200 000 Sahraouis attendent toujours l’exercice de leur droit à l’autodétermination. La Mauritanie, par sa position géographique et son expérience historique, comprend intimement cette réalité.

Cette rencontre au sommet entre Ghazouani et Ghali illustre ainsi la permanence d’une proximité et d’une solidarité qui transcende les calculs économiques à court terme, ancrant la Mauritanie dans son rôle de défenseur des droits des peuples africains à disposer d’eux-mêmes, un principe fondateur de l’Organisation de l’unité africaine devenue Union africaine.

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Ali Attar est un spécialiste reconnu de l'actualité du Maghreb. Ses analyses politiques, sa connaissance des réseaux, en font une référence de l'actualité de la région.
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