La Guinée Conakry confisque les licences de dizaines de sociétés minières


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Des mines
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Le leader la transition en Guinée Conakry, le général Mamadi Doumbouya, a décidé du retrait de la licence concernant plusieurs sociétés minières. Depuis son installation au pouvoir, suite au coup d’État contre l’ancien Président Alpha Condé, Mamadi Doumbouya multiplie les décisions radicales.

Un décret qui s’applique à une cinquantaine de licences minières

La junte militaire en Guinée Conakry a retiré les permis d’exploration à des dizaines de sociétés minières dans le pays. Selon un décret lu à la télévision d’État, la décision a en effet été prise par le chef de la junte militaire, Mamadi Doumbouya. Le décret s’applique à une cinquantaine de licences minières possédées par des dizaines d’entreprises actives dans l’extraction de bauxite, d’or, de diamants et de graphite. Mamadi Doumbouya a commencé par retirer les licences de deux sociétés minières locales, Guiter Mining et Kebo Energy SA, le 9, et la veille, il avait déjà ordonné le retrait des licences des sociétés minières qui ne respectaient pas le code minier du pays, sans donner plus de détails.

Le général, arrivé au pouvoir par un coup d’État militaire qui a renversé le Président élu Alpha Condé en septembre 2021, a fait de l’exploitation des ressources minières l’une des priorités de son gouvernement. Le sous-sol guinéen est riche en ressources naturelles telles que la bauxite, le fer, l’or et les diamants, mais les bénéfices tirés de leur exploitation sont notoirement injustes, profitant principalement aux entreprises et très peu à la population.

Scène politique profondément bouleversée

Les experts soulignent l’insuffisance des investissements dans le développement du tissu économique local, le manque d’infrastructures essentielles comme les routes, la réputation de corruption persistante et les manquements dans l’architecture législative du pays comme les principales raisons pour lesquelles la Guinée Conakry, malgré ses richesses naturelles, est l’un des pays les plus pauvres du monde. Cette décision intervient alors que la scène politique en Guinée Conakry est profondément bouleversée par une autre décision du gouvernement très forte : celle de dissoudre ou suspendre les partis politiques du pays.

Cette mesure résulte d’une campagne d’évaluation lancée en juin dernier par le ministère de l’Administration du territoire. Sur 174 partis examinés, aucun ne remplit entièrement les exigences légales. Une centaine de partis ont ainsi été dissous ou suspendus, principalement pour irrégularités administratives telles que l’absence de compte bancaire ou des documents falsifiés. Les partis disposent de trois mois pour se conformer aux normes sous peine de suspension définitive.

Contexte de transition politique tendue depuis le coup d’État de 2021

Même des formations influentes comme le RPG, l’UFDG ou l’UFR sont concernées. Elles peuvent poursuivre leurs activités mais doivent prouver leur conformité, notamment en organisant des congrès ou en justifiant de la collecte des cotisations. Cette opération s’inscrit dans un contexte de transition politique tendue depuis le coup d’État de 2021 qui a porté le général Mamadi Doumbouya au pouvoir. Les partis d’opposition, dont les leaders sont souvent en exil, dénoncent cette initiative comme une tentative d’exclure des adversaires politiques avant les prochaines élections.

La nouvelle évaluation lancée en juin 2024, un an à peine après la précédente, alimentait déjà les soupçons d’un usage politique du processus. Des voix s’élèvent pour dénoncer une instrumentalisation de la régulation politique au profit du régime actuel. Certains appellent à plus de transparence, d’autres redoutent une dérive autoritaire menaçant le pluralisme et la démocratie en Guinée.

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