
Dans la nuit du 8 au 9 septembre 2025, un navire de la Global Sumud Flotilla, flottille internationale dirigée vers Gaza, a subi une explosion au large de Tunis. Alors que les organisateurs dénoncent une attaque de drone, les autorités tunisiennes privilégient la thèse de l’accident.
L’alarme a été donnée dans la nuit de lundi à mardi. Le navire « Family », vaisseau amiral de la Global Sumud Flotilla, a été secoué par une déflagration alors qu’il mouillait au large de Sidi Bou Saïd, près de Tunis.
Six personnes se trouvaient à bord au moment de l’incident, toutes ont survécu sans blessures. Cependant, l’embarcation a subi d’importants dégâts matériels avec un incendie qui s’est déclaré à la proue.
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Les organisateurs de la flottille ont immédiatement diffusé des images troublantes sur les réseaux sociaux. Une vidéo provenant d’une caméra de surveillance du bateau montre un militant qui lève soudainement les yeux vers le ciel après avoir entendu un vrombissement caractéristique. Quelques secondes plus tard, un éclair illumine la zone et une explosion retentit, provoquant la panique à bord.
Versions contradictoires
Pour la Global Sumud Flotilla, il ne fait aucun doute : leur navire a été « frappé par un drone dans les eaux tunisiennes« . L’organisation y voit « des actes d’agression visant à faire dérailler sa mission » humanitaire vers Gaza. Cette accusation s’inscrit dans un contexte de tensions récurrentes, la flottille ayant déjà été confrontée à plusieurs incidents au cours de ses précédentes tentatives.
La rapporteuse spéciale de l’ONU sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, présente sur place pour le lancement de la flottille, a alimenté la controverse. « S’il est confirmé qu’il s’agit d’une attaque de drone, ce sera un assaut, une agression contre la Tunisie et contre la souveraineté tunisienne« , a-t-elle déclaré en publiant des images de surveillance.
De son côté, la Garde nationale tunisienne rejette pour l’instant catégoriquement ces accusations. « Il n’y a aucun fondement aux informations faisant état d’une attaque de la flottille par un drone« , affirme son porte-parole Houcem Eddine Jebabli. Selon les autorités tunisiennes, l’explosion résulterait d’un « dysfonctionnement technique » – plus précisément de l’embrasement accidentel de gilets de sauvetage, possiblement causé par un mégot de cigarette ou l’allumage d’un briquet.
Une flottille sous haute surveillance
L’incident survient à un moment critique pour la Global Sumud Flotilla, présentée comme « la plus grande mission maritime civile jamais organisée pour briser le blocus israélien de Gaza« . Cette initiative rassemble plus de 50 navires et des délégations de 44 pays, avec à son bord des personnalités comme l’activiste suédoise Greta Thunberg, l’eurodéputée française Rima Hassan, ou encore des acteurs internationalement reconnus comme Adèle Haenel.
Le port de Sidi Bou Saïd, situé non loin du palais présidentiel de Carthage, a accueilli plus d’un millier de personnes venues soutenir l’initiative. L’émotion était palpable parmi les sympathisants qui brandissaient des drapeaux palestiniens et scandaient « Free Palestine ».
Un historique d’incidents en mer
Cet épisode rappelle d’autres incidents survenus lors de précédentes missions humanitaires vers Gaza. En mai 2025, le navire « Conscience », parti du port tunisien de Bizerte, avait été frappé par ce qui fut décrit comme des missiles de drones au large de Malte, provoquant d’importants dégâts et contraignant l’équipage à l’évacuation d’urgence.
En juin et juillet 2025, deux navires de la Freedom Flotilla Coalition – le « Madleen » puis le « Handala » – avaient été interceptés par la marine israélienne dans les eaux internationales. Ces arraisonnements avaient conduit à l’arrestation et à l’expulsion des militants, dont Greta Thunberg elle-même.
La Global Sumud Flotilla transporte plusieurs tonnes d’aide humanitaire : médicaments, lait infantile, vivres et matériel médical destinés à la population de Gaza. Cette initiative s’inscrit dans un contexte dramatique, les Nations Unies ayant déclaré en août 2025 l’état de famine dans la bande de Gaza, avec 500 000 personnes en situation « catastrophique ».
Les autorités tunisiennes ont ouvert une enquête pour déterminer les causes exactes de l’explosion. Une conférence de presse des membres de la flottille est prévue ce matin