La demande de coopération judiciaire sur la famille Bongo au cœur du rapprochement franco-gabonais


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Ali Bongo
Ali Bongo

La rencontre entre Emmanuel Macron et Brice Oligui Nguema à Libreville a engendré une phase décisive dans les relations franco-gabonaises. Au-delà des signaux politiques envoyés par Paris pour accompagner la transition gabonaise, la visite a surtout servi de cadre à la réactivation d’un dossier sensible : la coopération judiciaire autour de la famille Bongo.

La visite éclair d’Emmanuel Macron à Libreville, le 23 novembre, a pris des allures de démonstration d’alliance renouvelée entre la France et le Gabon. Quelques heures seulement après son passage au G20 en Afrique du Sud, le Président français a tenu à marquer une étape hautement symbolique en rencontrant son homologue gabonais, Brice Oligui Nguema, devenu chef de l’État après le coup d’État d’août 2023. Cette escale, soigneusement orchestrée, s’est déroulée sous le signe de la proximité affichée : poignées de main appuyées, arrivée commune au dîner officiel du palais présidentiel et bains de foule à Libreville.

Demande de coopération judiciaire sur la famille Bongo

Emmanuel Macron a salué « une nouvelle ère » ouverte au Gabon depuis la fin de l’ère Bongo, louant la « transition rapide » menée par Oligui Nguema. Le message politique était limpide : Paris souhaite s’inscrire pleinement dans le renouveau gabonais, en soutenant la stabilité retrouvée et en renforçant un partenariat stratégique qu’il présente comme « équilibré » et « respectueux de la souveraineté ». Face à la montée des discours antifrançais dans une partie de l’Afrique, le chef de l’État français entend visiblement préserver l’un de ses alliés les plus constants en Afrique centrale.

Mais derrière les images chaleureuses et les déclarations d’amitié, un sujet important a émergé avec force : la demande de coopération judiciaire sur la famille Bongo. Lors de son discours, Brice Oligui Nguema a officiellement appelé la France à collaborer afin que les décisions de justice concernant les anciens dirigeants gabonais soient exécutées. Il s’agit notamment de faciliter la restitution des avoirs présumés détournés et de donner suite aux procédures en cours liées aux biens mal acquis.

Les ressources gabonaises davantage valorisées

Cette requête intervient au moment où Libreville cherche à tourner définitivement la page de la dynastie Bongo tout en envoyant un signal fort sur la lutte contre la corruption. Pour les nouvelles autorités gabonaises, l’exécution des décisions judiciaires est un enjeu de crédibilité autant interne qu’international. Côté français, l’Élysée a confirmé que les échanges se poursuivraient, tout en rappelant que ces procédures relèvent de l’indépendance de la justice.

Dans le même temps, Oligui Nguema a mis en avant une autre priorité : la transformation locale des minerais, notamment dans les négociations en cours avec le groupe français Eramet. Le dirigeant veut que les ressources gabonaises soient davantage valorisées sur place, un axe central de sa stratégie économique. Entre rapprochement diplomatique, ambitions économiques et exigences de justice, la visite de Macron aura donc servi de scène à un repositionnement des relations franco-gabonaises : plus politique, plus directe… et désormais plus conditionnée à la transparence autour du passé.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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