La crise du secteur culturel au Maroc


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Artisanat au Maroc
Artisanat au Maroc

Sa Majesté le Roi Mohammed VI adresse, depuis des années, des Messages à tous les départements et instituts gouvernementaux du Maroc pour le développement des secteurs culturels en tant que domaines économiques effectifs et rentables pour le pays et pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel du Maroc.

Rabat, qui est actuellement considérée Ville Lumière et Capitale Marocaine de la Culture, a accueilli des assises du Comité intergouvernemental de l’UNESCO. Un accord très symbolique a été signé avec l’Organisation des Nations Unies pour les sciences et la culture dans le but de sauvegarder la transmission de patrimoine artisanal menacé de disparition. Cet accord qui rend service au domaine artisanal marocain démontre aussi la confiance de l’UNESCO concernant l’engagement du Maroc dans tous les domaines culturels.

Une large partie du peuple marocain demande toutefois plus d’efforts de la part du gouvernement pour rendre le travail dans le domaine de la culture plus rentable. En effet, le cadre légal organisant la profession d’artiste a été adopté au Maroc après une mise à jour qui permet aux artistes de profiter de plusieurs avantages en plus de la couverture médicale. Cependant, rares sont ceux qui ont reçu leurs cartes d’artistes pour être reconnus en tant que participants dans l’épanouissement culturel du pays.

Beaucoup de questions se posent encore au Maroc concernant la reconnaissance des artistes, ce qui laisse penser que les cartes d’artistes ne sont destinées, en réalité, qu’à un ensemble réduit d’artistes qui ont pu tirer profit de la médiatisation ou de leurs relations avec le ministère de tutelle.

A cause de cette sélectivité irrationnelle et décevante du ministère de la Culture, la majorité des artistes talentueux du Maroc travaillent encore dans l’ombre sans profiter des avantages de la reconnaissance artistique par les autorités marocaines, ce qui les oblige à pratiquer d’autres métiers en parallèle afin de pouvoir survivre et cela réduit, par conséquent, la productivité et le développement de tous les secteurs artistiques au Maroc.

Les échecs du ministère de la Culture au Maroc sont même devenus flagrants après l’annulation étonnante des résultats du dernier prix du livre du Maroc. Le ministère a, en effet, retiré le prestigieux prix à neuf lauréats qui ont même menacé d’atteindre le tribunal à cause de cette décision. Le problème ne se réduisait malheureusement pas à la valeur matérielle de la récompense que devait recevoir chaque lauréat, mais il concernait aussi le mode de jugement inexplicable adopté par le comité de lecture de ce prix et dont les membres choisissent toujours de rester dans l’anonymat.

L’opinion publique au Maroc pourrait penser que le budget alloué par le gouvernement au ministère de la Culture devrait être modeste par rapport aux autres départements prioritaires du pays, surtout à cause de la crise économique mondiale actuelle, ce qui handicape la réalisation des ambitions culturelles du pays. Cependant, l’immolation par le feu d’un fonctionnaire du Théâtre Mohammed V de Rabat, devant le ministère de la Culture, était l’événement qui a récemment secoué le Maroc et qui prouve que le ministère marocain de la Culture passe plutôt par une crise de gestion qui risque de nuire à tous les artistes talentueux du Maroc.

L’artiste est en général une plante noble et très sensible, qui doit être traitée avec beaucoup de soin par les responsables, s’ils souhaitent récolter des fruits pour leur pays. Malgré les efforts législatifs au Maroc, la majorité des plantes culturelles restent délaissées dans un environnement épouvantable et sont même parfois maltraitées par les responsables du pays pour leurs opinions sincères. Faut-il rappeler que “qui sème le vent récolte la tempête” ?

Par Akram Louiz: Auteur, poète, Lieutenant de première classe de la marine marchande

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