La bataille de l’UNESCO est ouverte !


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L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation la science et la culture (UNESCO) est une des organisations les plus populaires du système des Nations Unies. Elle contribue à la fois au développement des structures d’éducation, de recherche scientifique, et joue un rôle important dans la préservation des patrimoines culturels. La bataille qui vient de s’ouvrir pour la succession de sa Directrice générale actuelle concerne au premier chef l’Afrique.

Moushira Khatta, femme politique égyptienne, se donne comme la seule candidate africaine à la direction de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, les sciences et la culture (UNESCO) et à ce titre, elle a toutes ses chances.

À partir du 9 octobre, les 58 membres du Conseil exécutif voteront, à bulletin secret, pour choisir, à la majorité des voix, parmi neuf candidats, celui qui succédera à la Bulgare Irina Bukova et deviendra, pour quatre ans, le nouveau directeur général de l’UNESCO. Les 195 États membres entérineront le vote du Conseil exécutif.

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Egyptienne, ancienne Ministre d’Etat chargée de la famille et de la population, Vice-Présidente du Bureau international des droits des enfants, Moushira Khattab est donc dans le dernier sprint pour le poste de Directrice Générale de l’UNESCO.

Cette année, la bataille risque d’être rude entre les trois candidats de pays arabes, dont principalement l’Égyptienne Moushira Khattab, et le Qatari Hamad Al-Kuwari, ex-ministre de la Culture, qui se vante de ne pas arriver à l’UNESCO « les mains vides » !… La « diplomatie du portefeuille » aurait-elle autant de succès sur les instances onusiennes de la culture qu’au sein de la FIFA? La question est ouverte. Et le chéquier qatari aussi.

Face à eux une candidate libanaise, après le retrait du candidat irakien qui vient de se retirer de la course pour soutenir l’égyptienne.

Audrey Azoulay, présentée par la France !

Et bien évidemment une candidate de poids : celle de la France, Audrey Azoulay, ancienne ministre de la Culture de François Hollande, qui a ses chances, parce qu’elle porte en elle le symbole de l’ouverture culturelle de la modernité : originaire du Maroc, d’Essaouira plus précisément, elle est issue d’une famille dont l’engagement pour la culture et le dialogue des esprits est depuis longtemps connu..

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Le soutien que lui apporte la France est un élément important, la Nation des Lumières constituant depuis toujours l’un des piliers de l’UNESCO, dont le quartier général est installé à Paris, à deux pas des Invalides. Elle aurait l’avantage de représenter à la fois la France, le Maghreb et l’Afrique, réunis en une même personne. Elle recueille une large adhésion parmi les jeunes artistes et créateurs africains, auxquels elle parle un langage de modernité et d’espoir. Ses déplacements sur les sites archéologiques marocains (ici notamment le Chellah, nécropole mérinide à Rabat) ont montré le visage d’une battante, dont la courtoisie, l’élégance et la force de conviction feraient merveille pour dépoussiérer l’image de l’institution internationale.

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Pourtant une chose est certaine, Moushira Khattab a le soutien de nombreux diplomates du continent et de l’Union africaine. Le retrait du candidat irakien en sa faveur pourrait préluder à un ralliement du camp arabe. Le Ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, et le Président de la Commission Africaine, Moussa Faki (et ancien ministre des affaires étrangères du Tchad), sont arrivés à Paris pour soutenir la candidate. Ils ont été rejoints par le ministre des Affaires étrangères de Sierra Leone, Samura Kamara, et de nombreux responsables de l’Union Africaine. Objectif : voir l’UNESCO dirigée, pour la première fois par une femme africaine.

« Je veux faire de l’UNESCO une organisation efficace et transparente. Quand la situation est telle qu’elle est aujourd’hui, il n’est pas question de « business as usual ». La première chose à faire est de restaurer la confiance entre les États membres et l’organisation, d’une part, et entre les différents secteurs et niveaux de l’UNESCO eux-mêmes, d’autre part », a déclaré la candidate Moushira Khatta dans une interview au Point.

Face aux menaces de la radicalisation, du terrorisme et de l’extrémisme, qui menacent la paix et le dialogue entre les cultures, la communauté internationale doit se mobiliser en urgence, selon la candidate. Au premier rang, l’Unesco doit se mettre en ordre de marche sur la base de convictions fortes articulées sur des valeurs affichées, une méthode renouvelée et des priorités claires et lisibles dans ses missions : l’éducation, l’autonomisation des jeunes, l’égalité des genres et enfin l’Afrique pour contribuer activement à l’agenda mondial des Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030 et lutter efficacement contre l’extrémisme et la radicalisation. Ce double objectif est un impératif.

« Qui mieux qu’une femme arabe et musulmane, qui dispose des qualifications requises, peut parler contre tous les radicalismes ? », conclut-elle. A quoi certains diplomates issus d’Afrique subsaharienne objectent à mi-voix que l’Egypte ne se souvient qu’elle est africaine… que lorsqu’elle en a vraiment besoin ! Alors que le roi Mohammed VI a engagé le Maroc dans une relation plus directe et à plus large portée économique avec l’Afrique. Et pour ce qui est de la confession musulmane, est-elle aujourd’hui vraiment un gage de popularité?

Bref les jeux ne sont pas faits !

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