L’Éthiopie sollicite une médiation internationale pour un accès à la mer


Lecture 3 min.
Soldats éthiopiens
Soldats éthiopiens (illustration)

L’Éthiopie relance le débat sur son accès à la mer, perdu depuis l’indépendance de l’Érythrée en 1993. Le Premier ministre Abiy Ahmed a annoncé avoir sollicité une médiation internationale pour résoudre ce différend jugé stratégique. Cette initiative intervient dans un climat de fortes tensions entre Addis-Abeba et Asmara.

Malgré les appels au dialogue, la crainte d’une nouvelle crise régionale reste vive dans la Corne de l’Afrique.

La demande « irréversible » d’Addis-Abeba

Depuis plusieurs mois, Abiy Ahmed insiste sur la nécessité pour son pays de retrouver un accès à la mer. Devant les parlementaires, il a réaffirmé mardi son engagement à une résolution non violente. « Nous n’avons aucune intention d’entrer en guerre avec l’Érythrée, nous sommes au contraire convaincus que cette question peut être résolue pacifiquement« , a-t-il déclaré.

L’Éthiopie a ainsi sollicité la médiation de plusieurs acteurs majeurs de la scène mondiale, dont les États-Unis, la Russie, la Chine, l’Union africaine et l’Union européenne. L’objectif est de parvenir à une « solution durable » avec l’Érythrée, qui, de son côté, accuse l’Éthiopie de lorgner son port d’Assab.

Lire aussi : L’Éthiopie alerte : l’Érythrée se prépare activement à une guerre

Un contexte de vives tensions bilatérales

Cette requête de médiation survient dans un climat de tensions ravivées entre les deux nations de la Corne de l’Afrique. Malgré l’accord de paix historique de 2018, qui avait valu à Abiy Ahmed un prix Nobel et mis fin formellement à une sanglante guerre frontalière (1998-2000), les relations se sont de nouveau détériorées après la fin de la guerre du Tigré.

Bien que l’armée érythréenne ait appuyé les forces éthiopiennes contre les rebelles tigréens, les désaccords ont resurgi. En octobre, l’Éthiopie a publiquement accusé l’Érythrée d’ingérence et de financement de groupes armés combattant ses forces fédérales, notamment dans la région Amhara. Asmara a sèchement rejeté ces allégations, les qualifiant de « mascarade mensongère. »

L’ombre d’un conflit en sommeil

La position affirmée d’Abiy Ahmed, conjuguée aux accusations mutuelles, ravive le spectre d’un nouveau conflit régional, malgré les assurances éthiopiennes de vouloir une solution pacifique. L’Érythrée, dirigée d’une main de fer par le président Issaias Afeworki depuis son indépendance, n’a pour l’heure pas réagi officiellement à cette demande de médiation, son ministre de l’Information n’ayant pas donné suite aux sollicitations des agences de presse.
La crise actuelle rappelle que la question de l’accès à la mer pour le géant éthiopien est un différend fondamental qui continue de menacer la stabilité régionale. L’implication des grandes puissances et de l’Union africaine sera désormais déterminante pour contenir la crise et forger un compromis.

Avatar photo
LIRE LA BIO
Fidèle K est journaliste et rédactrice spécialisée, passionné par l'Afrique et ses dynamiques politiques, culturelles et sociales. A travers ses articles pour Afrik, elle met en lumière les enjeux et les réalités du continent avec précision et engagement.
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News