
Un dirigeant du mouvement d’extrême droite « Deport Them Now UE » a été arrêté ce lundi à Mataró (Barcelone) pour incitation à la violence contre la communauté maghrébine dans le sud de l’Espagne. Le pays fait face depuis près d’une semaine à une montée xénophobe dans le pays.
La Garde civile espagnole a procédé hier, lundi 14 juillet en fin d’après-midi, à l’arrestation de C.L.F., un des dirigeants présumés du mouvement suprémaciste « Deport Them Now UE » (Déportez-les maintenant). L’interpellation a eu lieu à Mataró, province de Barcelone, dans le cadre d’une enquête pour incitation à la haine.
Une semaine sous tension à Torre Pacheco
Cette arrestation intervient après une semaine de violences sans précédent dans la ville de Torre Pacheco, située dans la région de Murcie. Tout a commencé lorsqu’un retraité de 68 ans a été agressé par des jeunes qu’il a décrits comme étant « d’origine maghrébine« . Le visage du vieil homme et la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux a eu un écho très fort. L’affaire, rapidement instrumentalisée, a mis le feu aux poudres dans cette commune agricole où près de 30% des 40 000 habitants sont d’origine étrangère, principalement marocaine.
Porté par les mouvements d’extrème droite, la région a été pendant trois jours l’objet d’une « chasse aux Marocains » organisée via le canal Telegram de « Deport Them Now« . Les images montrent des hommes armés de bâtons parcourant les rues à la recherche de personnes d’origine nord-africaine, des cris racistes, des affrontements avec les forces de l’ordre.
Une opération policière d’envergure
Le ministère de l’Intérieur espagnol a confirmé la fermeture du canal Telegram utilisé par le groupe pour diffuser ses messages de haine. En outre, ce mardi, les enquêteurs ont perquisitionné le domicile du suspect à Mataró et saisi deux ordinateurs.
La Garde civile a déployé à Torre Pacheco un dispositif exceptionnel pour maintenir l’ordre. En effet, cette escalade de violence rappelle douloureusement au pays les émeutes d’El Ejido en 2000. La communauté marocaine avait alors été victime de plusieurs jours d’attaques xénophobes.
Lors du rassemblement de vendredi dernier sur la place de la mairie de Torre Pacheco, des cris de « Viva Franco » ont retenti, accompagnés d’insultes racistes. Le parti d’extrême droite Vox n’a pas tardé à récupérer l’affaire, alimentant un climat électrique. Face à cette situation, le maire de Torre Pacheco, Pedro Ángel Roca, a rappelé que « la majorité des immigrés marocains vivent ici de leur travail et contribuent à l’économie locale. Ce sont des citoyens à part entière« .
Torre Pacheco, située au cœur du Campo de Cartagena dépend largement de la main-d’œuvre étrangère pour ses récoltes, créant une cohabitation parfois difficile entre populations locales et immigrées. La précarité économique, amplifiée par la crise, constitue un terreau fertile pour les discours de haine. L’espagne compte plus de 5 millions d’immigrés, dont environ 800 000 Marocains.