Trafic international de cocaïne : fin du procès Devesa en Côte d’Ivoire et regard sur d’autres affaires en Afrique


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Trafic de drogue
Trafic de drogue

Le trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest s’intensifie et révèle des liens étroits entre réseaux criminels internationaux et acteurs locaux corrompus. En Côte d’Ivoire, le procès d’un ressortissant européen fait ressortir l’ampleur du phénomène et les failles des dispositifs de contrôle. D’Abidjan à d’autres capitales africaines, les autorités tentent de répondre par des réformes judiciaires et des partenariats transnationaux. Mais face à la puissance des trafiquants et à l’infiltration des institutions, les efforts peinent à produire des résultats durables. Le combat est certes politique mais aussi sécuritaire.

Le procès en appel de treize personnes poursuivies pour trafic international de cocaïne s’est achevé à Abidjan. Ce dossier très médiatisé, qui avait débuté après une saisie record de cocaïne en Côte d’Ivoire, a révélé les ramifications d’un vaste réseau criminel, piloté par un ressortissant espagnol, Miguel Devesa.

Complicités locales au sein d’institutions publiques

Dès le début de l’enquête, Miguel Devesa a reconnu son rôle dans l’acheminement de la drogue depuis l’Amérique latine vers la Côte d’Ivoire. Il aurait bénéficié de complicités locales, notamment au sein d’institutions publiques. Alors que les autorités judiciaires ont demandé la confirmation des peines de prison prononcées en première instance, l’avocat de Devesa a plaidé pour une réduction, arguant que son client avait coopéré pleinement avec la justice, facilitant les arrestations au sein du réseau.

Ce procès n’est que l’un des nombreux exemples montrant l’ampleur du trafic de drogue en Afrique de l’Ouest. En Côte d’Ivoire, d’autres affaires récentes ont révélé la compromission de certains responsables dans des détournements de saisies de drogue. Des membres des forces de l’ordre et des cadres portuaires ont été condamnés pour leur rôle dans des opérations illégales. Ces opérations ont révélé la nécessité d’un renforcement des mécanismes de contrôle et de transparence, notamment au sein des services de sécurité et des douanes.

Des États fragiles face à des réseaux puissants

L’Afrique de l’Ouest est devenue une zone de transit pour les réseaux de trafic de drogue. Les routes maritimes et terrestres de la région permettent de faire circuler la cocaïne entre les continents. Cette position géographique, alliée à la faiblesse de certains dispositifs de surveillance, a transformé plusieurs pays en points de passage privilégiés. Des saisies régulières ont été effectuées, ces dernières années, dans des ports, sur des routes ou en pleine mer.

Certains pays côtiers sont devenus des hubs logistiques, avec des cargaisons dissimulées dans des conteneurs commerciaux ou transportées par des embarcations rapides. La montée en puissance du trafic de drogue s’explique aussi par la fragilité des institutions. Dans plusieurs pays, des responsables corrompus ferment les yeux ou collaborent activement avec les réseaux. Cette collusion entre criminels et fonctionnaires compromet sérieusement les efforts de lutte contre la drogue.

Des réponses judiciaires et politiques

La situation est particulièrement préoccupante dans certaines régions du Sahel, où la porosité des frontières, les conflits armés et la pauvreté favorisent l’implantation de groupes criminels. Dans certains États, la criminalité organisée infiltre les sphères de pouvoir, au point de menacer la stabilité politique. Face à ce fléau, plusieurs États ont entrepris des réformes. En Côte d’Ivoire, la création d’un pôle judiciaire spécialisé a permis de traiter plus efficacement les affaires économiques et criminelles complexes.

Le procès de Miguel Devesa en est un exemple marquant. D’autres pays ont renforcé leurs capacités de surveillance maritime ou engagé des coopérations internationales. Mais ces réponses restent souvent ponctuelles. Le manque de moyens, la corruption et la lenteur des procédures entravent la mise en œuvre d’une politique répressive cohérente et durable.

Le verdict de la Cour d’appel d’Abidjan est attendu dans les jours à venir. Ainsi, il sera un test pour la justice ivoirienne. Une confirmation des peines serait un signal fort envoyé aux trafiquants, indiquant que les réseaux internationaux ne peuvent plus opérer en toute impunité.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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