L’Egypte n’oublie pas Khaled Saïd


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Les deux policiers accusés d’avoir battu à mort le jeune égyptien Khaled Saïd en juin 2010 ont été condamnés ce mercredi à 7 ans de prison par le Tribunal pénal d’Alexandrie. Son décès avait provoqué une vague de protestation des militants pro-démocratie sur Facebook appelant des milliers d’Egyptiens à la révolte contre la brutalité policière.

Sept ans de prison. C’est la peine que devront purger les deux policiers égyptiens, Mahmoud Salah Mahmoud et Awad Ismaïl Souleimane, accusés du meurtre de Khaled Saïd en juin 2010. La décision a été rendue par le Tribunal d’Alexandrie. Khaled Saïd, âgé à l’époque de 28 ans a été interpellé le 6 juin 2010 à la sortie d’un cybercafé de son quartier à Alexandrie puis battu à mort publiquement par les deux policiers pour avoir dénoncé la corruption dans les services de police. Il avait diffusé sur Internet une vidéo montrant deux policiers se partageant de la drogue après un coup de filet. Pour étouffer l’affaire, la police a d’abord affirmé qu’il était décédé après avoir avalé un sachet de drogue au moment de son arrestation. Pourtant, des photos ont circulé sur Internet où l’on voit le visage du jeune homme écrasé et déformé. Des experts médicaux ont indiqué que Khaled Saïd est mort par asphyxie après avoir été battu et qu’un sac a été placé dans sa bouche alors qu’il était inconscient.

Sa mort a provoqué la colère des militants pro-démocratie sur Facebook. Ils ont convaincu des milliers d’Égyptiens de descendre dans les rues pour dénoncer les brutalités policières et réclamer la levée de l’Etat d’urgence, en vigueur depuis 1981. Il s’agissait de l’un des premiers appel à la révolte contre le régime d’Hosni Moubarak. Les manifestations qui se sont déroulées en juillet 2010 au Caire et à Alexandrie ont permis ainsi le renvoi des accusés devant un tribunal par le procureur général.

Icône de la révolution égyptienne

Khaled Saïd est devenu une véritable icône de la révolution égyptienne. Plusieurs pages Facebook ont ainsi été créées pour honorer sa mémoire. Celle intitulée « Nous sommes tous Khaled Saïd » a plus de 155 000 fans. « Le verdict d’aujourd’hui est un message à tous ceux qui ont dit que Khaled était mort à cause de la drogue », a indiqué le groupe sur Facebook. Selon lui, « le jugement a lavé » la mémoire du jeune homme, « mais est trop clément ». Pour le groupe «l’affaire des meurtriers qui ont écopé de sept ans n’est pas close. Justice doit être faite pour tous les Egyptiens qui, comme lui, ont été tués, torturés, humiliés et volés dans l’impunité. » Le mois dernier, l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International a affirmé que des prisonniers étaient « toujours soumis à la torture et autres mauvais traitements », après qu’une vidéo circulant sur internet ait montré des policiers et des militaires giflant et électrocutant deux détenus.

Khaled Saïd restera à jamais dans le cœur des Egyptiens. Des artistes ont écrit des chansons en sa mémoire. Des comédiens et acteurs se sont mobilisés sur Facebook pour dénoncer l’injustice qu’il a subi. La blogeuse égyptienne Shahinaz Abel Salma, qui depuis 2005 n’a cessé de dénoncer les dérives du régime égyptien sur son blog, a déclaré à Afrik.com avoir dédié son livre « Egypte, les débuts de la liberté« , sorti le 6 octobre aux éditions Michel Lafon, à Khaled Saïd.

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