L’amour parfumé de Tunis


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Manuel d'érotologie arabe du cheikh Nefzaoui
Manuel d'érotologie arabe du cheikh Nefzaoui

Pourquoi diable l’amour et le Maghreb font-ils aujourd’hui si mauvais ménage ? Crispation islamique ? Frustration séculaire ? Et pourtant, la culture arabe a longtemps transporté des fleuves d’érotisme… Comme le prouve Le Jardin Parfumé, manuel d’érotologie arabe du Cheikh Nefzaoui, l’équivalent maghrébin du Kama Soutra…

Toutes les manières, toutes les positions, tous les rythmes et tous les plaisirs… L’auteur de cette anthologie de positions et de recettes à pratiquer à deux dans la joie et la bonne humeur n’a pas gaspillé son temps ni sa peine : on prendra, à suivre ses indications, un réel intérêt et une bonne leçon… La variété, en amour, n’a jamais été un péché.

Considérations lexicologiques, médicales, techniques : rien ne manque à cette somme gaie et plaisante que ses éditeurs présentent avec un luxe de précautions érudites, mais qui est avant tout un livre à dévorer… au lit ! Preuve que la civilisation arabe, lorsqu’elle était à son sommet, faisait toute sa place à l’amour des femmes !

Kama Soutra maghrébin

L’histoire nous dit que l’auteur de ces pages était sous le coup d’une condamnation et qu’il n’a obtenu sa grâce qu’en offrant à son maître cette somme d’érotisme libéré : Sade aussi était en prison, mais au  » siècle des Lumières « , en France, c’est justement pour ce qu’il écrivait qu’on le maintenait à La Bastille ! Autres lieux, autres moeurs… Le libertinage n’est pas accepté partout en même temps. Loisible en Europe, il est mal vu désormais de l’autre côté de la mer !

Nefzaoui consacre quelques pages amusantes aux noms donnés au membre masculin : el aïr, qui vient d’el kir, le soufflet de forgeron; el hamama, la colombe, qui repose sur ses oeufs ; el teunnana, le tinteur, parce qu’il heurte comme en une cloche ; el heurmak, l’indomptable, parce qu’il force le passage ; el ahlil, le libérateur ; el zeub, qui vient de deub, parce qu’il rampe vers son but ; el hammache, l’excitateur, parce qu’il irrite la vulve ; el fadelak, le trompeur, on se demande bien pourquoi ; ez zoddame, l’enfonceur, quelle drôle d’idée ; mochefi el relil, celui qui éteint le feu de la passion… el aouame, le nageur ; ed dekhal, l’entreur ; el hezzaz, le remuant, el besiss, l’effronté, el fortass, le chauve… El mokcheuf, le découvreur…

Et en effet, c’est peut-être bien le sexe qui met le plus en branle les facultés de l’homme, son astuce et sa curiosité, pour obtenir ce dont il rêve. En tous les cas, Nefzaoui le Tunisien n’a pas hésité une seconde à lui bâtir un monument, avant d’en venir au sexe de la femme… Mais je vous laisse le soin de découvrir seuls ce continent : el ladid, le délicieux…

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