L’Algérie riposte aux provocations de Retailleau par une nouvelle vague d’expulsions


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Illustration expulsion de diplomates français par l'Algérie
Illustration expulsion de diplomates français par l'Algérie

Face aux manœuvres controversées du ministère français de l’Intérieur, Alger affirme sa souveraineté en expulsant vingt-quatre agents diplomatiques français. Cette crise révèle les failles d’une stratégie française jugée incohérente et préjudiciable aux relations bilatérales établies au plus haut niveau entre les deux pays.

Le 14 avril 2025, dans un acte d’affirmation de sa souveraineté nationale, Alger avait expulé douze agents français exerçant auprès de l’ambassade et des consulats de France en Algérie. Ces fonctionnaires, déclarés persona non grata pour « non-respect de la réglementation« , avaient été sommés de quitter le territoire sous quarante-huit heures.

Quelques semaines plus tard, une seconde vague d’expulsions a ciblé, selon un schéma quasi identique, douze autres agents français — partageant souvent les mêmes profils que leurs prédécesseurs : officiers de protection, surveillants de zones consulaires et attachés techniques. Ces nouveaux agents, prétendument envoyés « en renfort temporaire » pour compenser l’absence des premiers expulsés, ont subi le même sort. Cette opération, présentée par Alger comme un nouveau rappel à l’ordre nécessaire, intervient dans un contexte où les relations diplomatiques étaient déjà considérablement fragilisées.

Le double jeu du ministère de l’Intérieur français dévoilé

Derrière l’apparence officielle de simples « renforts temporaires« , plusieurs analystes et observateurs politiques des deux cotés de la méditérranée décèlent une stratégie délibérée orchestrée par Bruno Retailleau. Le ministre français de l’Intérieur, réputé pour son discours sécuritaire, aurait sciemment provoqué cette escalade en envoyant des reproductions exactes des agents précédemment expulsés, sans les papiers nécessaires, parfaitement conscient que l’Algérie serait contrainte, selon le principe « pour même cause, même effet« , de les renvoyer à leur tour.

Cette manœuvre poursuivrait un double objectif : sur le plan intérieur français, galvaniser un électorat sensible aux discours de fermeté vis-à-vis de l’Algérie, pays souvent injustement présenté comme « frondeur » sur les questions migratoires et sécuritaires; sur le plan diplomatique, affaiblir délibérément la ligne officielle du Quai d’Orsay et d’Ammanuel Macron, pourtant favorable au dialogue et à la coopération régionale.

Ce jeu de dupes révèle ainsi la prédominance d’une stratégie politique nationale française à courte vue au détriment de la stabilité bilatérale : à chaque provocation française suit, par obligation, une réplique algérienne légitime et proportionnée.

La position ferme des autorités algériennes

Dans son dernier communiqué officiel, le ministère des Affaires étrangères algérien n’a pas manqué de dénoncer l’attitude de Paris, accusée de « piétiner » les usages diplomatiques et d' »instrumentaliser » ses fonctionnaires pour des objectifs purement partisans. Alger a clairement mis en garde la partie française : « Toute autre nouvelle action attentatoire du ministre de l’Intérieur français recevra, sur la base de la réciprocité, une réponse ferme et adéquate. »

La diplomatie algérienne avait déjà dénoncé sans ambiguïté « les barbouzeries à des fins purement personnelles » de Bruno Retailleau, l’accusant de manquer cruellement de « discernement politique » dans un contexte où les présidents des deux pays ont entamé à l’occasion de l’Aïd une phase de décrispation prometteuse pour les relations bilatérales.

Des violations flagrantes des procédures diplomatiques

Selon les informations rapportées par l’agence de presse algérienne, la convocation du Chargé d’affaires de l’Ambassade de France en Algérie aurait fait suite au constat de manquements graves et répétés aux procédures consulaires établies. Les services compétents algériens auraient, en effet, relevé l’affectation récente d’au moins quinze agents français devant assumer des fonctions diplomatiques ou consulaires, sans que ces nominations n’aient fait l’objet, au préalable, ni de notifications officielles, ni de demandes d’accréditation appropriées, comme l’exigent pourtant formellement les procédures en vigueur.

Cette violation systématique des protocoles diplomatiques témoigne d’un mépris caractérisé des règles internationales et du respect dû à un État souverain précise l’Algérie.

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