L’Algérie au cœur de la lutte anticorruption africaine acceuille la 7ème session de l’AG de l’AAACA


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Corruption
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Alger se positionne comme un acteur majeur de la gouvernance continentale en accueillant la septième assemblée générale de l’Association des Autorités Anti-Corruption d’Afrique.

L’Algérie confirme son engagement résolu dans la lutte contre la corruption en accueillant actuellement la 7ème session de l’Assemblée générale de l’Association des Autorités Anti-Corruption d’Afrique (AAACA). Cet événement d’envergure continentale, qui se déroule dans la capitale algérienne sous le thème « Récupération des avoirs: renforcement de la coopération et de l’échange d’expertises pour une Afrique forte et unie contre la corruption« , réunit les principales instances africaines dédiées à la transparence et à la bonne gouvernance.

Un rendez-vous stratégique pour la récupération des avoirs

Cette septième édition revêt une importance particulière dans le contexte actuel où le continent africain fait face à des défis croissants en matière de corruption et de récupération des fonds détournés. Le thème choisi, « Récupération des avoirs: renforcement de la coopération et de l’échange d’expertises pour une Afrique forte et unie contre la corruption« , reflète la priorité accordée à la restitution des biens mal acquis, un enjeu crucial pour le développement du continent.

L’AAACA, créée pour renforcer la coopération entre les autorités anti-corruption africaines, constitue un forum privilégié d’échange d’expériences et de bonnes pratiques. Cette association regroupe les organismes spécialisés de différents pays du continent, tous unis par la volonté commune de combattre les fléaux de la corruption et du détournement de fonds publics.

L’engagement algérien et des succès concrets

L’organisation de cette assemblée générale en Algérie témoigne de la reconnaissance internationale du travail accompli par les institutions algériennes en matière de lutte anticorruption. Le pays a développé un arsenal juridique et institutionnel substantiel, notamment à travers la Haute Autorité de Transparence, de Prévention et de Lutte contre la Corruption (HATPLC) et l’Office Central de Répression de la Corruption (OCRC).

L’Algérie illustre parfaitement l’enjeu de la récupération des avoirs avec l’objectif de récupération de plus de 30 milliards de dollars de fonds détournés entre sommes d’argent, biens immobiliers et unités industrielles depuis la chute du régime de Bouteflika. Un exemple emblématique de cette coopération internationale est la collaboration avec la Suisse. Les Hélvètes sont prêts à coopérer avec l’Algérie pour récupérer les fonds détournés, comme l’a confirmé le ministre suisse de la Justice lors de sa visite à Alger en juin 2025.

Beat Jans a assuré que la Suisse reste déterminée à coopérer pleinement avec l’Algérie dans le cadre des démarches visant à restituer les fonds détournés. L’Algérie a présenté à la Suisse plusieurs dossiers concrets, notamment ceux concernant l’ancien ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb et l’ex-ministre de l’Énergie Chakib Khelil.

Des exemples inspirants à l’échelle continentale

Le choix du thème de cette 7ème session n’est pas fortuit. L’Afrique connaît actuellement des succès remarquables en matière de récupération d’avoirs détournés, créant une dynamique d’espoir et d’émulation entre les pays du continent.

Le Nigeria constitue l’exemple le plus emblématique de cette bataille pour la récupération des fonds spoliés. Depuis la mort du dictateur Sani Abacha en 1998, le pays a récupéré de dollars de fonds dplusieurs centaines de millions de dollars détournés. En 2023, la France a promis de restituer au Nigeria 150 millions de dollars supplémentaires détournés par l’ancien président. La Suisse, de son côté, a déjà restitué plus de 700 millions de dollars au Nigeria, démontrant l’efficacité de la coopération internationale.

Ces restitutions massives – le général Abacha est accusé d’avoir détourné environ 5 milliards de dollars selon Transparency International – illustrent à la fois l’ampleur du pillage subi par certains pays africains, la possibilité concrète de récupérer ces fonds grâce à une coopération judiciaire internationale renforcée mais aussi la longueur des procédure et les difficultés liées au manque de coopération de certaines banques occidentales.

Vers une coopération renforcée et des mécanismes innovants

La tenue de cette assemblée générale en Algérie renforce la position du pays comme hub régional de la bonne gouvernance et de la récupération des avoirs détournés. Elle consolide également les liens de coopération avec les partenaires africains et internationaux dans ce domaine crucial pour le développement du continent.

L’enjeu est considérable : selon les estimations, des dizaines de milliards de dollars d’avoirs africains sont détournés chaque année vers des paradis fiscaux. La récupération de ces fonds pourrait transformer les perspectives de développement du continent, financer des infrastructures essentielles, des programmes sociaux et stimuler la croissance économique.

Les résolutions qui émaneront de cette 7ème session orienteront les stratégies de récupération d’avoirs africaines pour les années à venir. Elles définiront les priorités communes, les mécanismes de suivi des engagements pris par les différents pays membres, et les modalités pratiques d’une coopération judiciaire internationale plus efficace.

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Ali Attar est un spécialiste reconnu de l'actualité du Maghreb. Ses analyses politiques, sa connaissance des réseaux, en font une référence de l'actualité de la région.
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