
Au Kenya, cinq nouveaux corps ont été découverts à Kwa Binzaro, portant à 24 le nombre de dépouilles exhumées en moins d’une semaine. Cette découverte rappelle le drame de Shakahola, où plus de 450 fidèles avaient péri en 2023 sous l’influence du pasteur Paul Mackenzie. Les suspects arrêtés seraient d’anciens adeptes de ce gourou et auraient poursuivi ses pratiques mortifères. L’enquête, qui s’annonce longue et sensible, laisse craindre que des enfants disparus figurent parmi les victimes.
La découverte macabre se poursuit au Kenya. Cinq nouveaux corps ont été exhumés le 27 août dans le village côtier de Kwa Binzaro, portant à 24 le nombre de dépouilles retrouvées en seulement cinq jours de fouilles. Cette nouvelle affaire réveille les traumatismes du culte de Shakahola, tristement célèbre pour avoir conduit à l’un des pires drames sectaires du pays en 2023.
Un charnier inquiétant à Kwa Binzaro
Selon l’organisation de défense des droits humains « Vocal Africa », les fouilles menées par la police ont mis au jour des fosses communes, découvertes il y a une dizaine de jours. Les premiers indices laissent penser à l’existence d’une secte organisée, calquée sur les pratiques du groupe de Shakahola. Les dépouilles, retrouvées dans des conditions alarmantes, rappellent les méthodes extrêmes du pasteur Paul Mackenzie, figure centrale de l’Église internationale de la Bonne nouvelle.
Une déclaration sous serment, déposée devant la cour de Malindi le 22 août par l’inspecteur Alfred Mwatika, de la police antiterroriste, révèle que les 11 personnes interpellées sont toutes d’anciens adeptes de Mackenzie. Plusieurs auraient séjourné dans la forêt de Shakahola avant de rejoindre Kwa Binzaro. Les enquêteurs soupçonnent une continuité dans l’endoctrinement et dans les pratiques mortifères.
Le spectre du massacre de Shakahola
Il y a un an à peine, plus de 450 corps avaient été exhumés dans la forêt de Shakahola. Les adeptes, manipulés par le pasteur Mackenzie, étaient soumis à un jeûne absolu censé leur « ouvrir les portes du paradis ». Si certains se laissaient mourir volontairement, d’autres avaient été contraints, certains corps présentant des signes de strangulation et de violences. Aujourd’hui encore, Mackenzie et près de 90 de ses proches collaborateurs sont jugés pour terrorisme et crimes contre l’humanité.
Les téléphones portables saisis sur les suspects apportent de premières informations sur leurs déplacements. Ils auraient parcouru plusieurs régions du Kenya pour recruter de nouveaux adeptes, avec des fonds destinés à louer des maisons servant de lieux de transit avant d’enfermer les victimes à Kwa Binzaro. La police s’inquiète particulièrement du sort d’enfants portés disparus, qui pourraient figurer parmi les victimes.
Un pays face à ses plaies
Pour la société kényane, ces nouvelles découvertes résonnent comme une douloureuse répétition. Les familles endeuillées par Shakahola craignent que l’histoire ne se répète, tandis que les organisations de défense des droits humains réclament des mesures fortes contre les sectes extrémistes. Le gouvernement, déjà critiqué pour sa lenteur à réagir en 2023, est appelé à renforcer ses dispositifs de prévention et de contrôle afin que le drame de Shakahola ne devienne pas une tragédie cyclique.