Journée mondiale de l’abolition de l’esclavage : l’appel de l’ONU face à l’esclavage moderne


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Fers d'esclave
Fers d'esclave

Malgré la commémoration annuelle de l’adoption de la Convention pour l’abolition de la traite des êtres humains, le monde fait face à une recrudescence alarmante de l’esclavage moderne. Touchant 50 millions de personnes et générant des profits colossaux, cette forme d’exploitation est devenue une crise mondiale majeure. À l’occasion de cette journée symbolique, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lancé un appel vibrant à une action concertée pour y mettre fin définitivement.

Alors que le monde célébrait mardi la Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage, le chef de l’ONU, Antonio Guterres, a lancé un appel afin de mettre fin « une fois pour toutes » à cette forme d’exploitation qui touche encore 50 millions de personnes dans le monde et engrange des profits annuels de 236 milliards de dollars.

Cette journée internationale commémore l’adoption de la Convention pour la répression et l’abolition de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui par l’Assemblée générale de l’ONU, le 2 décembre 1949.

Les 50 millions de visages de l’esclavage contemporain

Malgré cette avancée historique, l’esclavage moderne a fait surface et tend à prendre de l’ampleur. Bien que n’étant pas défini dans la loi, ce terme générique couvre des pratiques telles que le travail forcé, la servitude pour dettes, le mariage forcé et la traite des êtres humains. Il cible le plus souvent les groupes considérés comme appartenant à des castes inférieures, des minorités ou encore des peuples autochtones.

« Les formes contemporaines d’esclavage sont perpétuées par des réseaux criminels qui s’en prennent aux personnes qui luttent contre l’extrême pauvreté, la discrimination ou la dégradation de l’environnement. Elles arrachent aux personnes leurs droits et leur humanité », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres.

Augmentation inquiétante et répartition mondiale du travail forcé

Sur les 50 millions de personnes vivant une forme d’esclavage moderne en 2021, 27,6 millions d’entre elles étaient confrontées au travail forcé.

L’Organisation internationale du Travail (OIT) constate que ces chiffres ont subi une augmentation inquiétante entre 2016 et 2021, s’élevant à 10 millions pour l’ensemble des personnes victimes d’esclavage moderne, et à presque 3 millions pour celles confrontées au travail forcé.

Près de 90 % des victimes de travail forcé sont exploitées dans le secteur privé, dont :
23 % par des réseaux de trafic sexuel et 14 % par des États.

Géographiquement, l’Asie-Pacifique compte le plus grand nombre de personnes en situation de travail forcé avec 15 millions de personnes concernées. Cependant, les États arabes ont la plus forte proportion, avec une personne sur 200 concernée.

Des profits records au détriment des plus vulnérables

L’OIT a également fait le constat que les profits annuels que génère le travail forcé dans le monde atteignent aujourd’hui 236 milliards de dollars, soit l’équivalent du PIB de l’Éthiopie.
Ce chiffre est révélateur des salaires et des revenus confisqués aux travailleurs par les auteurs de travail forcé grâce à leurs pratiques coercitives. Il représente l’argent soustrait du revenu de travailleurs qui ont souvent du mal à subvenir aux besoins de leur famille.

Pour les travailleurs migrants, cet argent est pris sur les fonds qu’ils envoient à leur famille et à leurs proches restés au pays. Pour les gouvernements, ces profits représentent des recettes fiscales perdues du fait de la nature illicite des gains et des emplois qui les génèrent.

Femmes et enfants : les victimes les plus exposées

Dans ces différentes formes d’esclavage moderne, les femmes et les enfants sont particulièrement touchés :

  • Les femmes et les filles représentent 4,9 millions des personnes en situation d’exploitation sexuelle commerciale forcée et 6 millions de personnes en situation de travail forcé dans d’autres secteurs économiques.
  • Les enfants représentent un huitième des victimes d’esclavage moderne. Plus de la moitié d’entre eux sont victimes d’exploitation sexuelle. Au total, plus de 150 millions d’enfants sont contraints de travailler, ce qui représente plus d’un enfant sur dix, en majorité à des fins d’exploitation économique.

Le Secrétaire général de l’ONU a donc lancé mardi un appel fort à agir : « Les gouvernements, les entreprises, la société civile et les syndicats doivent s’unir pour mettre fin à cette crise de l’esclavage moderne, une fois pour toutes. Ils doivent également offrir des recours et des réparations, notamment un véritable accès à la justice, une indemnisation équitable, des mesures de réhabilitation et des restitutions, ainsi que des garanties que les victimes et leurs familles n’auront plus à souffrir. »

Il a conclu en réaffirmant : « Nous devons agir avec la même détermination pour éliminer les formes contemporaines d’esclavage. Bâtir un monde fondé sur la liberté, la dignité et la justice pour toutes et tous est non seulement possible, mais engage notre responsabilité commune. »

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Franck Biyidi est diplômé de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) je suis spécialiste des relations internationales au sein de la Francophonie et de l'Union Africaine et de tout ce qui touche la diplomatie en Afrique francophone
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