Guinée : la date des législatives divise la classe politique


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Drapeau de la Guinée
Drapeau de la Guinée

La date du 8 juillet pour les législatives annoncées jeudi par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), est loin de faire l’unanimité au sein la classe politique. Pour la mouvance présidentielle, cette date est la bonne. L’opposition par contre la qualifie de « fantaisiste ».

Les commentaires vont bon train depuis l’annonce de la date du 8 juillet 2012. Pour le président des Nouvelles forces démocratiques (NFD), Mouctar Diallo, « l’importance pour le moment n’est pas une question de date ». « Ce qui est plus important, c’est la création des conditions de transparence et de crédibilité pour que les résultats des urnes reflètent la volonté exprimée des électeurs. Et pour cela, il y a des préalables dont le premier est la restructuration de l’organe chargé d’organiser ces élections qui est la CENI ou tout au moins sa recomposition », a souligné Mouctar Diallo dans un courrier.

Ajoutant que pour aller à une élection acceptée de tous, « il faudrait changer la totalité des membres de la CENI dont son président, Louncény Camara. Cette CENI, dira l’opposant, qui avait montré ses limites lors des présidentielles, était contestée par l’ensemble des acteurs politiques dont le RPG, actuellement au pouvoir. Et donc pour la crédibilité du processus électoral et l’acceptation des résultats qui en seront issus, il faut nécessairement une nouvelle CENI techniquement apte et moralement crédible. C’est ce qui garantira l’acceptation des résultats et la paix après les élections. C’est cette nouvelle CENI qui va proposer une date en concertation avec l’ensemble des acteurs politiques », a prévenu le jeune leader.

Le président des NFD a par ailleurs indiqué que ce chronogramme fixé par la CENI ne respecte pas les conclusions du « dialogue politique’’ (qui se tenait au palais du peuple de Conakry). Selon lui, avant l’audit du fichier, un cabinet choisi par la CENI doit élaborer les termes de références de l’audit qui devaient bénéficier de l’accord de la classe politique.

Autres préoccupations de l’opposition, c’est la non participation des Guinéens vivant à l’étranger au vote et de la période électorale qui coïncide à la saison des pluies. « La loi leur donne ce droit car ils sont des guinéens à part entière et surtout qu’ils contribuent activement et efficacement au processus de développement de leur pays et donc ils doivent se prononcer sur leurs représentants à l’Assemblée nationale », a fait savoir Mouctar Diallo.

Le pouvoir quant à lui se félicite du chronogramme donné par la CENI.
Pour le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Alhassane Condé, la date a n’a pas été fixée par le gouvernement mais par la CENI. « D’abord, il faut savoir que c’est la CENI qui fixe la date des élections. Nous ne faisons que les accompagner techniquement. Nous donnons simplement notre point de vue, mais c’est la CENI qui fixe la date », a souligné le ministre.

Répondant à l’opposition qui dit qu’elle n’a pas été associée au choix de la date, le ministre Alhassane affirme en ces termes : « Dans aucun pays au monde, on ne fixe la date des élections par compromis avec les partis politiques. Dans tous les pays du monde, c’est l’État ou l’institution qui est habilitée à le faire qui fixe la date des élections. Et après, on informe les partis politiques. »

S’agissant d’un éventuel boycott des législatives par l’opposition, le ministre a déconseillé la politique de la chaise vide.

« Tous ceux qui ont fait la politique de la chaise vide, l’ont regretté. À commencer par le RPG sous Lansana Conté. En Côte d’Ivoire avec le FPI c’est la même chose. Quand tu rates cette fois-ci, il faut attendre encore cinq ans », a-t-il conclu.

En tout cas, le bras de fer semble être engagé entre pouvoir et opposition.

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