
Alors que le Maroc multiplie les annonces autour de son gazoduc transatlantique sans poser la moindre canalisation, l’Algérie enregistre des avancées concrètes sur le projet transsaharien, avec des accords institutionnels solides et un calendrier crédible. Dans la bataille énergétique qui se joue entre Alger et Rabat, c’est l’Algérie qui, aujourd’hui, marque des points décisifs grâce à une stratégie structurée et des partenariats efficaces.
Le projet algérien progresse, celui du Maroc accumule les effets d’annonce
Au moment où les enjeux énergétiques africains prennent une ampleur stratégique sans précédent, deux projets de gazoduc rivaux cristallisent l’attention : d’un côté, le gazoduc transsaharien, porté par l’Algérie, le Nigeria et le Niger ; de l’autre, le gazoduc transatlantique promu par le Maroc, censé relier le Nigeria à l’Europe via l’Afrique de l’Ouest. À l’heure du bilan, le contraste est frappant : le projet algérien progresse avec des jalons concrets, tandis que celui du Maroc accumule les effets d’annonce, les retards, et désormais les incertitudes majeures.
Le dernier coup dur pour le Maroc vient du report officiel de la décision finale d’investissement pour son gazoduc transatlantique, initialement attendue pour le second trimestre de 2025. Désormais repoussée à début 2026, cette échéance met en relief les difficultés croissantes d’un projet que Rabat continue pourtant de présenter comme un axe majeur de sa diplomatie énergétique. Derrière les déclarations ambitieuses, la réalité est plus fragile : aucune infrastructure n’est en cours de construction, et les coûts initiaux de 25 milliards de dollars se sont déjà envolés vers les 30 milliards, sans perspective claire de financement.
L’Algérie dispose déjà d’un vaste réseau de gazoducs
À l’inverse, le gazoduc transsaharien, projet lancé dès les années 1980 mais relancé en force ces dernières années par Alger, affiche des avancées tangibles. Les trois pays partenaires – Algérie, Niger et Nigeria – ont signé plusieurs accords institutionnels et techniques, dont un protocole d’entente en 2022, puis un engagement réaffirmé lors de réunions trilatérales récentes. Le projet bénéficie aussi d’un solide socle logistique : l’Algérie dispose déjà d’un vaste réseau de gazoducs, d’unités de compression, de stations de transit, ainsi que d’un accès direct aux marchés européens via ses terminaux en Méditerranée.
Cet écart de maturité entre les deux projets n’échappe pas aux investisseurs internationaux. Là où le transsaharien affiche une feuille de route cohérente et des garanties de réalisation, le projet marocain se heurte à une complexité logistique et politique majeure. Son tracé traverse treize pays, chacun avec ses régulations propres, ses enjeux internes, voire ses tensions régionales. Selon certains observateurs, cette fragmentation juridique fait du gazoduc transatlantique un projet quasiment ingérable à court terme.
Le gazoduc transsaharien, un profil bien plus attractif
Autre point d’achoppement pour Rabat : l’absence d’engagements fermes des acheteurs européens. Dans un contexte où les pays européens cherchent à diversifier leurs approvisionnements, les promesses marocaines n’ont pas encore convaincu. Sans acheteurs assurés, le projet reste perçu comme un pari risqué, d’autant que les grands groupes énergétiques se montrent de plus en plus sélectifs dans leurs investissements, préférant les projets avancés et sécurisés. À ce titre, le gazoduc transsaharien, avec ses accès directs vers l’Italie et l’Espagne, présente un profil bien plus attractif.
Le contraste est aussi politique. L’Algérie a su faire de ce projet un outil de coopération régionale structurant, malgré les instabilités que traverse le Sahel. Elle s’appuie sur une diplomatie énergique et sur des institutions solides, capables de garantir la continuité des engagements pris. Le Maroc, en revanche, semble avoir instrumentalisé son projet dans une logique de rivalité géopolitique avec Alger, misant davantage sur l’effet médiatique que sur une stratégie technique et financière crédible.
Vision stratégique maîtrisée par le Président Abdelmadjid Tebboune
Le report à 2026 de la décision d’investissement pourrait être interprété comme un aveu de faiblesse. Il reflète l’impasse d’un projet qui, malgré son ambition, ne parvient pas à passer de la communication à l’action. L’écart entre les annonces et les réalisations devient de plus en plus criant. Pendant ce temps, l’Algérie capitalise sur son expérience, son réseau d’infrastructures, et ses partenariats solides pour faire avancer son projet vers une mise en œuvre effective.
L’enseignement est clair : le secteur énergétique ne tolère ni improvisations, ni approximations. Il repose sur des engagements contractuels, des infrastructures robustes, et des politiques cohérentes. À ce jeu-là, l’Algérie est clairement en train de prendre l’avantage sur la scène africaine et méditerranéenne. Le gazoduc transsaharien n’est plus un projet théorique : il est désormais une réalité, soutenue par une volonté politique constante et une vision stratégique maîtrisée par le Président Abdelmadjid Tebboune. Le Maroc, de son côté, devra encore prouver qu’il peut aller au-delà des effets d’annonce.