Ghana : l’inflation recule pour le huitième mois consécutif, signe d’un redressement économique


Lecture 3 min.
Croissance économique
Croissance économique

Le Ghana confirme sa sortie progressive de la crise économique qui a secoué le pays ces dernières années. C’est ce qui ressort clairement des chiffres publiés aujourd’hui par les services compétents du pays.

Selon le Service national des statistiques, l’inflation a ralenti pour le huitième mois consécutif en août 2025, tombant à 11,5 % en glissement annuel contre 12,1 % en juillet. Il s’agit du niveau le plus bas depuis octobre 2021.

Une tendance généralisée

Le repli de l’inflation touche à la fois les denrées alimentaires et les produits non alimentaires. Les prix alimentaires, traditionnellement plus volatils, ont enregistré une hausse limitée à 14,8 % en août, contre 15,1 % un mois plus tôt. L’inflation non alimentaire, elle, a chuté à 8,7 %. À l’échelle nationale, les prix à la consommation ont même reculé de 1,3 % entre juillet et août, offrant un répit aux ménages dont le pouvoir d’achat avait été entamé par la flambée des prix en 2022 et 2023.

Mais les disparités régionales demeurent marquées : l’inflation atteint encore 21,8 % dans la région de l’Upper West, tandis que la région de Bono affiche le niveau le plus bas avec 6,1 %.

Une politique monétaire offensive

La Banque du Ghana, qui s’était montrée prudente face à la crise monétaire et à la perte de près de 20 % de la valeur du cedi en 2022, a désormais adopté une politique plus accommodante. En juillet, elle a opéré une réduction historique de son taux directeur de 300 points de base (soit une baisse de 3 points de pourcentage), le ramenant à 25 %.

Ce geste témoigne de la confiance de l’institution dans la trajectoire baissière de l’inflation, mais vise aussi à stimuler l’investissement et la consommation, alors que le pays tente de consolider sa reprise.

Une embellie macroéconomique

Sur le plan budgétaire, le gouvernement a également revu à la baisse ses prévisions de déficit, de 4,1 % à 3,8 % du PIB pour 2025, grâce à de meilleures performances que prévu au premier semestre. Cette rigueur nouvelle répond aux engagements pris dans le cadre du programme de redressement négocié avec le FMI, dont le soutien a été déterminant pour stabiliser l’économie.

Les autorités ghanéennes visaient une inflation à 11,9 % d’ici la fin de l’année 2025. Avec un taux déjà inférieur à cette cible en août, Accra pourrait atteindre, voire dépasser ses objectifs plus rapidement que prévu. Cependant, les économistes appellent à la prudence : la dépendance du Ghana aux importations de denrées alimentaires et de carburants rend le pays vulnérable aux chocs extérieurs. De plus, les hausses tarifaires attendues dans les secteurs de l’énergie et de l’eau pourraient exercer de nouvelles pressions sur les prix.

En somme, la tendance baissière de l’inflation au Ghana constitue une bouffée d’oxygène pour une économie qui revient de loin. La combinaison d’une politique monétaire plus souple et d’une discipline budgétaire renforcée semble porter ses fruits. Mais pour que cette embellie se traduise durablement dans le quotidien des ménages, le défi reste immense : diversifier la production locale, réduire les inégalités régionales et renforcer la résilience face aux chocs mondiaux.

Avatar photo
Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
Facebook Linkedin
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News