Gabriel Kemzo Malou, sculpteur inspiré


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Gabriel Kemzo Malou fait partie des dix plasticiens sénégalais sélectionnés pour l’exposition Sénégal contemporain au musée Dapper (Paris). Le sculpteur, qui a appris son art à l’ombre du maître Moustapha Dimé, livre ici une unique pièce pleine de charme.

On la repère de loin la chèvre de Gabriel Kemzo Malou. Elle n’est pourtant pas très grande, mais elle attire le regard, avec sa tête gracile constituée d’un morceau de bois, son long cou figuré par une pièce de fer rouillé et son ventre-bassine. C’est avec cette œuvre que le sculpteur de 38 ans a fait le déplacement à Paris, pour l’exposition Sénégal contemporain, au musée Dapper. Ancien assistant du grand sculpteur Moustapha Dimé, disparu en 1998, Gabriel fait partie des dix plasticiens sénégalais sélectionnés pour l’occasion.

D’allure timide, il parle de sa chèvre avec passion. « On avait offert ce morceau de bois à Moustapha et je l’adorais. Je le manipulais, je jouais avec dans l’atelier. Je l’aimais tellement qu’au bout d’un moment, il me l’a donné. Je ne savais pas quoi en faire. Puis, en 2000, deux jours avant la tabaski (la fête de l’Aïd el Kébir, ou fête du mouton, au Sénégal, ndlr), j’ai assisté à un vol de mouton et cette scène m’a beaucoup marqué. De retour à l’atelier, j’ai eu l’idée de la sculpture, la forme de la chèvre m’est apparue ! J’ai ajouté la colonne vertébrale, qui était un bout de fer d’un banc public et je me suis souvenu d’une bassine en fer forgé, comme ça se faisait à l’époque coloniale, qui traînait dans un talus. Je suis allé la chercher, et j’ai travaillé toute la nuit ! »

Les objets ont une histoire

Pour ses sculptures, Gabriel ne fait jamais de croquis. Il note des réflexions, des informations, des histoires trouvées dans le journal qui, ensuite, peuvent l’inspirer. Et travaille de nuit, « déconnecté », ce qui lui permet de recevoir ses amis et connaissances dans la journée. Depuis la mort de Moustapha Dimé, Gabriel a repris le flambeau et continue à faire vivre l’atelier de Gorée, à la fois en tant que résidence d’artistes et espace de formation, comme l’avait créé son maître.

Gabriel Kemzo Malou, né à Ziguinchor, en Casamance, est sorti diplômé des Beaux-Arts de Dakar en 1994. « Grâce à mon père, j’ai baigné dans une atmosphère intellectuelle, car il adorait la littérature. Jeune, j’étais déjà très bricoleur et j’aimais les images, le dessin. Dès le brevet, j’ai voulu arrêter l’école pour devenir artiste mais mon père m’a envoyé à Saint-Louis pour passer le baccalauréat ! » Après les Beaux-Arts, son stage chez Moustapha Dimé a été déterminant : il sera sculpteur. Il cherche alors son « écriture plastique » par rapport à ses « sensations dans le volume et le matériau ». Il n’aime pas tailler le bois, il préfère, comme pour sa chèvre, utiliser des choses brutes qu’il transforme à peine et associer les formes entre elles. « Je ne dis pas que j’utilise des objets de récupération. Pour moi, ce sont des objets témoins qui ont une histoire. »

Gabriel Kemzo Malou expose au musée Dapper jusqu’au 13 juillet.

Musée Dapper

35, rue Paul Valéry

75016 Paris

Tél : (00 33) 1 45 00 91 75

Ouverture tous les jours, sauf le mardi, de 11 à 19h.

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