Gabon : Oligui Nguema secoue la scène politique nationale


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Le Président Brice Clotaire Oligui Nguema
Le Président Brice Clotaire Oligui Nguema

À quelques mois des législatives, Brice Oligui Nguema réunit les partis politiques gabonais pour imposer un nouveau cadre strict à la vie partisane. Objectif affiché : rationaliser un paysage politique jugé éclaté. Mais cette réforme soulève des inquiétudes croissantes sur un possible retour au parti unique sous couvert d’efficacité démocratique.

À l’approche des élections législatives et locales, le président gabonais Brice Oligui Nguema a convoqué, mercredi 7 mai 2025, l’ensemble des responsables de partis politiques au Palais Rénovation. L’objectif visé est de traduire en actes les recommandations issues du Dialogue national inclusif d’avril 2024, notamment celles portant sur la réduction du nombre de partis et le durcissement des conditions de leur reconnaissance légale.

Un chef d’État ferme face à une classe politique fragmentée

Brice Oligui Nguema n’a pas mâché ses mots. Face aux dirigeants des partis politiques, il a déploré la prolifération anarchique des formations, plus de 100 pour un pays de seulement 2 millions d’habitants, qu’il considère comme un frein à l’efficacité démocratique. Reprenant à son compte les recommandations du Dialogue national, le président a annoncé des conditions strictes pour la reconnaissance d’un parti : au moins 18 000 membres répartis dans toutes les provinces, un siège administratif, un compte bancaire fonctionnel, et un minimum de représentation parlementaire à l’issue des prochaines élections.

Si certains responsables politiques, comme Blaise Louembé du Parti démocratique gabonais, ont salué la volonté présidentielle de mettre de l’ordre dans le système partisan, d’autres y voient un recul démocratique. Théodore Mayaza, du Rassemblement des démocrates indépendants, s’est montré inquiet, dénonçant un risque de dérive vers un parti unique déguisé : « Nous devons continuer dans le multipartisme. Revenir en arrière serait un grave danger pour notre démocratie », a-t-il mis en garde.

Des comités pour encadrer la réforme et le futur électoral

Pour concrétiser cette réforme, deux comités de 30 membres chacun seront créés. Le premier, composé de représentants politiques et d’experts, devra rédiger une nouvelle loi sur les partis politiques. Le second se penchera sur le découpage électoral, une question sensible à l’approche des scrutins législatifs et locaux. Cette architecture vise à inscrire la réforme dans un cadre participatif et légal, en lien direct avec les résolutions du Dialogue national.

Si le président Oligui Nguema veut imposer une rigueur institutionnelle pour améliorer la gouvernance, la réduction drastique du nombre de partis et les critères exigés soulèvent des questions légitimes. Cette volonté de réforme est-elle un pas vers une démocratie rationalisée ou un habillage légal pour restreindre l’expression politique ? Les mois à venir, marqués par les concertations internes des partis et la mise en place des comités, seront décisifs pour définir la future respiration démocratique du Gabon.

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