Brice Oligui Nguema : le nouveau visage du Gabon investi sous les regards de l’Afrique


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Le Président Brice Clotaire Oligui Nguema
Le Président Brice Clotaire Oligui Nguema

Moins de deux ans après avoir pris le pouvoir par un coup d’État, Brice Clotaire Oligui Nguema a été officiellement investi président du Gabon ce 3 mai. Sa large victoire à la présidentielle et le soutien régional affiché marquent la fin de la transition militaire, mais les attentes populaires restent immenses.

Brice Clotaire Oligui Nguema a officiellement endossé, ce samedi 3 mai, les habits de président de la République gabonaise. Moins de deux ans après avoir mis fin au règne d’Ali Bongo par un coup d’État, l’ancien général a été élu avec plus de 94 % des voix à la présidentielle du 12 avril. La cérémonie d’investiture, riche en symboles, s’est tenue au stade d’Angondjé, en présence de dizaines de milliers de Gabonais et de plusieurs chefs d’État africains. Un moment solennel qui marque la fin d’une transition politique et l’ouverture d’un nouveau chapitre pour le Gabon.

Une cérémonie fastueuse et symbolique

L’investiture de Brice Oligui Nguema s’est révélée un événement national d’envergure. Le stade d’Angondjé, en périphérie de Libreville, a réuni quelque 40 000 personnes dans une ambiance de liesse. Arrivé en voiture au toit ouvert, le président nouvellement élu s’est présenté à la foule dans un costume sobre et élégant, prêt à incarner la promesse d’un « Gabon nouveau ». La cérémonie a été marquée par une coupure d’électricité, un clin d’œil involontaire aux défis infrastructurels du pays, et par la remise de symboles du pouvoir, notamment une torche représentant « la lumière, l’espoir et la responsabilité partagée ».

L’élection du 12 avril et l’investiture du 3 mai scellent la fin de la période de transition ouverte en août 2023, après le renversement du président Ali Bongo. Oligui Nguema devient ainsi le premier président de la Ve République gabonaise. Dans son discours de prise de fonction, il a promis une transformation structurelle du pays : diversification de l’économie, lutte contre le chômage des jeunes, transformation locale des ressources naturelles, et surtout, une guerre déclarée à la corruption, à la paresse et à l’impunité. Il a aussi annoncé les prochaines étapes politiques, avec des élections législatives et locales prévues en septembre et octobre, et une nouvelle Cour constitutionnelle en décembre.

Le soutien africain et les attentes du peuple

Seize chefs d’État africains, dont Félix Tshisekedi, Paul Kagame, Denis Sassou Nguesso et Diomaye Faye, ont fait le déplacement pour l’occasion, témoignant du soutien régional à cette transition démocratique. Le président sénégalais, récemment élu, a été particulièrement ovationné. Mais derrière l’euphorie de l’événement, la vigilance demeure. De nombreux citoyens gabonais expriment leur espoir de voir le président rester fidèle à ses engagements. « Il ne faut pas qu’il devienne dictateur », avertit un participant. La confiance est là, mais elle est conditionnée par des actes forts, à la hauteur des promesses.

À 50 ans, Brice Clotaire Oligui Nguema hérite d’un pays fragilisé. Le chômage des jeunes touche près de 40 % de la population active, et la dette publique pourrait atteindre 80 % du PIB en 2025. Le nouveau président devra conjuguer leadership militaire et gouvernance civile pour opérer des réformes profondes, tout en rassurant une population encore marquée par des décennies de règne dynastique. Son serment de protéger le peuple « de tout mal », juré main posée sur la nouvelle Constitution, sonne comme une promesse solennelle… que le Gabon retiendra.

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