
L’ancien Président gabonais déchu, Ali Bongo Ondimba, son épouse Sylvia et leur fils Noureddin ont quitté Libreville pour Luanda, mettant fin à près de deux années de détention consécutives au coup d’État d’août 2023. Cette libération résulte d’une médiation du Président angolais João Lourenço, également à la tête de l’Union africaine.
Quelques jours après l’annonce du départ de Sylvia Bongo et de son fils Noureddin de la prison où ils étaient incarcérés depuis le coup d’État d’août 2023, et de leur assignation à résidence aux côtés du Président déchu, le vent de la liberté retrouvée a soufflé sur l’ancienne famille présidentielle qui vient de trouver asile en terre angolaise.
Une libération surprise
La présidence angolaise a officialisé la nouvelle dans un communiqué diffusé dans la nuit du jeudi 15 au vendredi 16 mai 2025, accompagné de photos montrant l’arrivée de la famille Bongo à Luanda. « À la suite des initiatives du président de la République d’Angola et président en exercice de l’Union africaine, João Lourenço, auprès du président Brice Oligui Nguema du Gabon, la famille Bongo a été libérée et vient d’arriver à Luanda », indique le texte.
Cette annonce intervient cinq jours après la sortie de prison de Sylvia Bongo et de leur fils Noureddin, longtemps considérés comme les figures centrales de la « kleptocratie » dénoncée après la chute d’Ali Bongo. L’ex-Président, affaibli physiquement depuis un AVC en 2018, avait été placé en résidence surveillée depuis le putsch du 30 août 2023, conduit par le général Brice Clotaire Oligui Nguema.
João Lourenço, un acteur clé de cette libération
Le rôle joué par le Président angolais, João Lourenço, a été central dans cette libération. En tant que Président en exercice de l’Union africaine, il s’est efforcé de maintenir une ligne diplomatique entre soutien à la transition gabonaise et respect des droits fondamentaux. Le choix de Luanda comme terre d’accueil pour les Bongo apparaît comme un compromis politique destiné à apaiser les tensions régionales et à renforcer la légitimité de la transition dirigée par Brice Oligui Nguema.
Cette manœuvre permet également à l’Union africaine de faire valoir sa capacité à accompagner les processus post-coup d’État, dans un contexte où plusieurs États du continent ont connu des changements de régime par la force ces dernières années. Il est à rappeler que la libération d’Ali Bongo et de sa famille intervient seulement de jours après une visite historique du Président Lourenço en terre gabonaise, le 13 mai 2025. Cette visite vient mettre un terme aux nuages sombres qui brouillaient les relations entre les deux pays depuis plusieurs mois pour sceller un nouveau départ dont l’une des premières retombées est incontestablement l’accueil de la famille Bongo en Angola.
Le coup d’État de 2023 : fin d’un règne dynastique
Le départ de la famille Bongo du Gabon referme une page de plus d’un demi-siècle de pouvoir ininterrompu. Fils du Président Omar Bongo, au pouvoir de 1967 à 2009, Ali Bongo avait pris les rênes du pays à la suite de son père, dans un scrutin déjà contesté. Sa réélection en 2016 puis en 2023 avait été largement critiquée, donnant lieu à des accusations de fraude et de répression violente de l’opposition.
Le coup d’État militaire d’août 2023 est survenu quelques heures à peine après l’annonce de sa victoire pour un troisième mandat. En quelques jours, les principaux membres du cercle présidentiel, dont son épouse et son fils, ont été arrêtés. Noureddin Bongo Valentin, pressenti pour succéder à son père, a été accusé de détournements massifs de fonds publics.