Gabon : Ali Bongo cherche-t-il à museler la presse ?


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Le Président du Gabon, Ali Bongo
Le Président du Gabon, Ali Bongo

Au Gabon l’interdiction à paraître infligée à deux journaux en l’espace d’un mois laisse croire que le régime d’Ali Bongo tente de museler la presse.

Après avoir frappé le tri-hebdomadaire Echos du nord d’une interdiction de paraître durant 4 mois pour un article contre la présidente de la Cour constitutionnelle, Marie Madeleine Mborantsuo, la Haute autorité de la communication (HAC) a suspendu, pour une période de six mois, le journal L’Aube, auteur d’un article en rapport avec le limogeage par Ali Bongo de son ancien directeur de Cabinet, Maixent Accrombessi.

Dans son communiqué du 19 mars 2019, la HAC indiquait que le journal Echos du nord ayant déjà été sanctionné s’illustre par une récidive. « Le journal méconnaît volontairement les dispositions légales relatives au pouvoir de nomination des personnels civils et militaires de l’Etat dévolus au seul président de la République. L’article regorge des propos et insinuations suspicieux, tendancieux frisant l’acharnement et la calomnie. Des propos de nature à écorner l’image et la réputation de Mme Mborantsuo », a relevé la HAC, estimant que le journal a manqué à ses responsabilités.

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A l’origine de la sanction, un article qui remonte au mois de février dernier, alors que le journal Echos titrait en Une : « Stratégie d’accaparement du pouvoir : Mborantsuo veut virer les corps habillés ». Moins d’un mois après cette lourde sanction, à l’issue de sa séance plénière du 10 avril à Libreville, la HAC, gendarme des médias au Gabon sanctionne le journal L’Aube d’une interdiction de paraître de six mois. En cause deux articles que la HAC n’a pas digérés, dont l’un en rapport avec la sanction infligée à Echos du nord.

Il s’agit d’une interview parue dans le journal, le 25 mars, titrée « Le fondateur d’Échos du Nord parle ». La HAC a, après audition du Directeur de publication journal, conclu que « cette interview constitue une apologie de l’injure ». Le second article incriminé a été publié dans le journal, le 1er avril 2019 : « Limogé vendredi dernier en conseil des ministres, Maixent Accrombessi parle d’un soulagement ». Un poisson d’avril que le conseil de Maixent Accrombessi n’a pas aimé, raison pour laquelle il a saisi la HAC avec une plainte pour diffamation, estimant que L’Aube a commis une faute susceptible de nuire à son client.

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Estimant que « le journal L’Aube a violé les articles 44 et 87 du Code de la Communication » par ses écrits, la HAC souligne que cet acte est « passible de sanctions prévues à cet effet », et a infligé au journal la lourde sanction de six mois de suspension. Les appels de l’association Reporters sans frontières, demandant à « la HAC à garantir le droit à l’humour que peuvent exercer les journalistes » n’ont pas convaincu la HAC, qui a fini de dérouler. « Le caractère humoristique et invraisemblable de cet article ne faisait aucun doute. Une sanction apparaîtrait comme une restriction abusive du droit des journalistes à utiliser l’humour, pratique largement répandue à l’occasion du 1er avril », avait indiqué RSF avant la sanction. C’était peine perdue.

L’on comprend aisément, par ailleurs, pourquoi la presse gabonaise se garde de se poser des questions sur le Président Ali Bongo, annoncé à Londres suite à de nouveaux ennuis de santé, sans que le palais ne confirme ou n’infirme cette information. Quant aux journalistes, gare à celui qui ose en parler ! La HAC veille !

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