France: polémique après une agression sur trois lycéens maghrébins


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La classe politique et les médias français pratiqueraient-ils la politique du deux poids deux mesures ? Seraient-ils plus prompts à dénoncer les actes antisémites que les agressions racistes contre des personnes issues de la communauté maghrébine ? A l’heure où responsables associatifs et religieux, toutes croyances confondues, mettent en garde contre l’importation du conflit israélo-palestinien en France, une agression contre trois adolescents d’origine maghrébine par des extrémistes juifs est venue semer le doute.

Trois élèves du lycée Janson-de-Sailly, dans le 16e arrondissement de Paris, dont deux d’origine maghrébine, ont été victimes d’une agression, jeudi 8 janvier, devant leur établissement, vers 16h30. Les lycéens ont été bastonnés par d’autres jeunes venus distribuer des tracts pour La Ligue de défense juive (LDJ). Les familles ont déposé plainte pour «violences volontaires en réunion à caractère raciste».

«J’attendais mon cousin devant le lycée, quand j’ai vu les jeunes lui donner un tract. Moi je l’ai refusé. Mon cousin l’a mis à la poubelle et ils lui ont demandé : « Pourquoi tu le jettes ? » », raconte l’une des victimes dans les colonnes du Monde. « Et comme je m’approchais, ils m’ont mis un coup de genou au bas ventre et un coup à l’arcade sourcilière. Puis deux se sont attaqués à mon cousin. Après, quelqu’un a dit : « Y’a les flics! », et ils sont partis».
Les familles ont ensuite envoyé des mails à France Télévisions, TF1, la radio, la presse écrite. Mais un seul média a publié l’information, c’est le Post, le lendemain de l’agression, constate l’un des jeunes agressés dans une interview à Libération.

Une « inégalité de traitement»

Quand la nouvelle tombe dans les oreilles de Rachid Nekkaz, président de l’Association d’aide aux victimes d’injustices, celui-ci relance les médias où il déplore «l’inégalité de traitement qui est marquante selon qu’on a affaire à des agressions contre des personnes d’origine maghrébine ou des juifs.» «Les agissements antisémites, et nous les condamnons fermement, sont immédiatement dénoncés publiquement par les autorités. Or, ce n’est pas le cas lorsqu’il s’agit de Maghrébins», regrette-t-il après «cinq fax adressés lundi au ministère de l’Intérieur et des contacts téléphoniques avec le cabinet de la ministre» qui n’ont pas été suivis de condamnations publiques.

Joint par Afrik.com, même son de cloche chez Azzeddine Gassi, le président du Conseil Régional du Culte Musulman en Rhône-Alpes. Tout en condamnant les attaques à répétitions contre les synagogues et les agressions visant la communauté juive, «actes ignobles et ne reflétant pas les valeurs de l’islam», il s’«étonne» du manque de médiatisation de l’agression contre les lycéens maghrébins. «Je demande aux autorités de condamner avec la force et la même vigueur tous les racismes».

Quelques actions en faveur de l’apaisement

Il est vrai que depuis le début des évènements au Proche-Orient, en décembre dernier, les actes antisémites se sont multipliés. 55, selon le décompte des associations juives. Une réunion rassemblant plusieurs associations de quartiers a été organisée, lundi 12 janvier, au ministère de la ville par la secrétaire d’Etat Fadela Amara, rapporte le Monde. Lors de cette réunion, les acteurs associatifs, dont des responsables religieux, se sont entendus pour mener des actions en faveur de l’apaisement. Entre autres, des Assises nationales de lutte contre les préjugés, un spot « le vivre ensemble » et un texte commun pour appeler au calme.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, qui « est en cours mais n’a pour l’instant rien donné », a déclaré une source judiciaire, mardi, à l’AFP.

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