
Réunis les 19 et 20 décembre en Égypte pour la deuxième conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique, plus de cinquante délégations africaines ont appelé à une refonte du système international pour mieux refléter le poids du continent dans les affaires du monde.
Six ans après le sommet fondateur de Sotchi, la coopération russo-africaine franchit une nouvelle étape. Pour la première fois, cette conférence ministérielle s’est tenue sur le sol africain, au Caire, sous la coprésidence des ministres égyptien et russe des Affaires étrangères, Badr Abdelatty et Sergueï Lavrov.
Dans son discours d’ouverture, le chef de la diplomatie égyptienne a résumé l’ambition du continent : « La voix de l’Afrique, forte de son poids démographique, économique et politique, doit désormais être influente et déterminante dans l’élaboration des grandes décisions mondiales. » Une revendication qui s’inscrit dans la continuité du consensus d’Ezulwini et de la déclaration de Syrte, adoptés en 2005, par lesquels l’Union africaine réclame deux sièges permanents au Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que cinq sièges non permanents pour le continent.
Un partenariat en quête de concrétisation
Cette deuxième conférence ministérielle marque une étape dans l’exécution de la feuille de route 2023-2026 issue du sommet de Saint-Pétersbourg de juillet 2023. Elle a également lancé l’élaboration du prochain plan d’action 2026-2029, qui sera adopté lors du troisième sommet Russie-Afrique.
Les représentants africains ont plaidé pour une réforme du système international fondée sur la justice et l’équilibre, afin que les institutions mondiales reflètent la réalité d’un monde devenu multipolaire. Le ministre Abdelatty, en sa qualité de président du comité d’orientation de l’Agence du NEPAD, organe de mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, a réaffirmé l’engagement de l’Égypte à « mobiliser les financements nécessaires aux projets structurants du continent ».
La coopération russo-africaine est présentée comme un levier stratégique pour soutenir les objectifs de développement du continent, notamment par l’activation de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), moteur d’une intégration régionale et d’une croissance inclusive.
Face à l’escalade des tensions internationales et à la montée des menaces terroristes, les délégations africaines ont exprimé leur vive inquiétude quant aux effets dévastateurs de ces crises sur la croissance du continent. Elles ont plaidé pour un règlement pacifique des différends tout en rejetant les interventions étrangères qui, loin de résoudre les crises, ne font que les aggraver.
La Russie promet de soutenir l’Afrique
En réponse, Sergueï Lavrov a promis l’engagement de la Russie à soutenir les pays africains. « Nous accordons une grande importance aux questions relatives au renforcement de la paix et de la sécurité sur le continent africain. Il s’agit d’une condition essentielle pour garantir un développement socio-économique progressif et durable, et d’un élément important pour le maintien de la stabilité mondiale », a déclaré le ministre russe.
Six ans après le lancement de ce rapprochement lors du sommet de Sotchi en octobre 2019, le partenariat russo-africain doit encore se structurer pour aboutir à une relation véritablement gagnant-gagnant. Les échanges commerciaux entre la Russie et le continent ont certes progressé, atteignant quelque 28 milliards de dollars en 2024, mais restent concentrés sur une poignée de pays d’Afrique du Nord. Cela laisse entrevoir d’importantes marges de développement.



