Face à la CPI, l’heure des comptes a sonné pour l’ex-rebelle Bosco Ntaganda


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Accusé de crimes contre l’humanité et crimes de guerre dans l’est de la République démcratique du Congo (RDC), le procès de l’ex-rebelle Bosco Ntaganda s’ouvre ce mercredi à la Cour pénale internationale (CPI).

L’heure est venue pour Bosco Ntaganda de rendre des comptes. Le procès de l’ex-rebelle, accusé de crimes contre l’humanité dans l’est de la République démocratique du Congo(RDC), s’ouvre ce mercredi devant la Cour pénale internationale, à la Haye, aux Pays-Bas. Le procès débute à 9H30 (7H30 GMT).

La procureure de la CPI Fatou Bensouda prendra la parole la première après l’ouverture du procès. « Il a recruté des centaines d’enfants soldats qu’il a utilisés comme de la chair à canon et il a ordonné le viol systématique des jeunes filles », a-t-elle affirmé mardi, lors d’une conférence de presse. Toujours selon Fatou bensouda, « il ne s’agit pas du procès d’un groupe ethnique, c’est le procès d’un individu qui a profité des tensions ethniques en Ituri à des fins personnelles, pour atteindre le pouvoir et la richesse ». « Au cours du procès, l’accusation devrait présenter plus de 8 000 documents, dont des rapports d’experts, extraits vidéo et déclarations. Plus de 70 témoins de faits » et une dizaine d’experts témoins seront cités », a ajouté la procureure gambienne. Elle a aussi rappellé que le procès de Bosco Ntaganda est le quatrième procès « congolais » de la CPI, qui avait fait des violences en RDC sa première enquête en 2004.« Nous continuons à enquêter », a assuré Fatou Bensouda.

Terminator des Grancs Lacs

Bosco Ntaganda est en effet inculpé de 13 chefs d’accusation, dont crimes de guerre et de cinq chefs de crimes contre l’humanité, pour meurtre et tentative de meurtre, attaques contre des civils, viol et esclavage sexuel, enrôlement et utilisation d’enfants soldats, pillage et persécution, perpétrés dans le district de l’Ituri, dans le nord-est de la RDC en 2002 et 2003. Toutes ces exactions ont été commises par les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), dont il était le chef militaire. Sans compter que Bosco Ntaganda est notamment accusé d’avoir lui-même violé et réduit en esclavage sexuel des jeunes filles de moins de 15 ans. Agé de 41 ans, celui qui a été général de l’armée congolaise de 2007 à 2012, surnommé le « Terminator » des Grands lacs, est considéré comme l’un des ex-chefs de guerre les plus féroces et les plus recherchés des Grands-Lacs. Il s’était toutefois, contre toute attente, livré de son plein gré à la CPI, se réfugiant à l’ambassade des Etats-unis, suite à une scission au sein de la rébellion, le Mouvement du 23-Mars (M23).

De son côté, Bosco Ntaganda, qui apprend l’anglais et le piano dans sa prison de La Haye, plaide non-coupable. Il prendra la parole lorsque son avocat, le Canadien Stéphane Bourgon, aura terminé sa plaidoierie. Bosco Ntaganda « maintient son innocence face à chacune des accusations portées contre lui et il entend présenter une défense exhaustive » », a indiqué son avocat mardi, qui souligne qu’il « est impatient d’avoir une chance de se défendre ». Les avocats des 2 149 victimes vont aussi s’exprimer. « Nos clients avaient entre 7 ans et demi et quinze ans quand ils ont été enrôlés », a affirmé mardi l’une des avocates, Sarah Pellet, soulignant que « leur reconstruction passe par la reconnaissance des crimes qu’ils ont subis ».

Human Rights Watch sceptique face à ce procès

L’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch reste sceptique concernant ce procès. Elle rappelle qu’au cours des années qui ont suivi les hostilités en Ituri, Bosco Ntaganda a rejoint d’autres groupes armés et a continué à diriger des soldats impliqués dans des exactions graves dans les provinces des Kivus, dans l’est de la RDC. En janvier 2009, dans le cadre d’un accord de paix mettant fin à une précédente rébellion, le gouvernement congolais l’a nommé général au sein de l’armée congolaise. « Il est demeuré à ce poste jusqu’à ce que lui et quelques autres prennent la tête d’une mutinerie et créent un nouveau groupe rebelle, le M23, fin mars 2012 », précise Human Rights Watch. Par conséquent, l’ONG dénonce le fait que le procès de Ntaganda devant la CPI ne porte que sur les crimes qui auraient été commis en Ituri, les atrocités perpétrées par les troupes se trouvant sous son commandement dans le Nord-Kivu n’ayant en grande partie donné lieu à aucune action judiciaire devant la CPI ou devant des tribunaux nationaux.

Pour Human Rights Watch, la CPI devrait aller au-delà des procédures engagées à l’encontre de commandants rebelles locaux et aussi enquêter sur le rôle joué par de hauts responsables politiques et militaires ougandais, rwandais et congolais dans les crimes perpétrés.

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