
Douze ans après son départ, ExxonMobil signe son grand retour au Gabon avec un ambitieux accord d’exploration offshore. Libreville espère ainsi relancer une production pétrolière en déclin et attirer de nouveaux investisseurs. Ce partenariat symbolise à la fois un pari économique et un défi environnemental pour le pays.
Le géant pétrolier américain ExxonMobil a officialisé son retour au Gabon, douze ans après son départ, par la signature retentissante d’un Mémorandum d’Entente (MoU) avec le gouvernement ce mercredi à Libreville. Paraphé par Sosthène Nguema Nguema, ministre du Pétrole et du Gaz, et Richard Barke, Directeur du Groupe Exploration Atlantique Sud d’ExxonMobil, cet accord porte sur l’exploration de blocs offshore profonds et très profonds. L’enjeu est de taille : le Gabon, confronté au déclin de sa production, mise sur l’expertise et la puissance financière du mastodonte américain pour relancer un secteur qui demeure le pilier de son économie.
Freiner le déclin et retrouver la confiance
Le partenariat stratégique intervient dans un contexte de recul constant de la production nationale d’hydrocarbures. En cause : le vieillissement des gisements existants et une baisse des investissements nécessaires à leur maintien. Le secteur pétrolier, bien que premier contributeur au Produit intérieur brut (PIB) du pays, voit sa part diminuer. L’enjeu pour Libreville est clair : freiner cette érosion pour renflouer les caisses de l’État.
Selon les experts de la filière, le retour d’ExxonMobil est un signal fort. Il témoigne d’une « confiance retrouvée des investisseurs internationaux » envers le pays, alors que le gouvernement s’efforce de rendre son secteur « compétitif, attractif et responsable ». L’entreprise américaine, reconnue pour son expertise technologique dans l’exploration en eaux profondes, est désormais considérée comme centrale pour la découverte de nouvelles ressources énergétiques.
Une collaboration axée sur la technologie et la durabilité
Le Mémorandum d’Entente ne se limite pas à l’exploration. Il prévoit une coopération étroite entre l’État gabonais et ExxonMobil, avec un accent mis sur la « valorisation durable des ressources pétrolières et gazières ». Sosthène Nguema Nguema a salué la signature comme le « début d’une nouvelle ère de collaboration, fondée sur la performance, la transparence et la responsabilité environnementale ».
Pour le Gabon, qui est membre de l’OPEP+, il s’agit aussi de moderniser son cadre réglementaire et de renforcer la gouvernance de l’industrie. ExxonMobil, de son côté, s’engage à contribuer à la croissance économique nationale par le transfert de compétences, la formation des jeunes talents gabonais et la création d’emplois locaux. Richard Barke a insisté sur l’engagement à long terme du groupe, assurant que l’expérience de la major dans le développement de nouvelles ressources est « incontournable » pour le Gabon.
Des délais courts pour la première production
Les espoirs gabonais reposent notamment sur la rapidité potentielle de la mise en production. Charles Thiemele, directeur du développement en Afrique d’AOT Trading, estime que l’arrivée d’une entreprise aussi expérimentée pourrait accélérer considérablement les choses. Il rappelle qu’avec les nouvelles technologies, le délai entre la découverte et la première production peut être ramené à « 18 à 24 mois dans les meilleurs des cas, et sinon 24 – 36 mois ».
Dans les faits, cela signifie que, si l’exploration est fructueuse, la production pourrait commencer d’ici deux à trois ans. Cette perspective est cruciale pour le Gabon qui, tout en cherchant à relancer la production pétrolière pour des raisons de recettes, est également encouragé par les institutions internationales à accélérer la diversification de son économie. Le défi désormais est de taille : concilier l’exploitation optimale de ces ressources avec le respect des engagements environnementaux dans cette nouvelle dynamique.




