Extradition de Rokia Traoré vers la Belgique : la justice française à l’épreuve


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Rokia Traoré
Rokia Traoré

On ne saurait qualifier ce qui se passe actuellement entre la France et la Belgique, tellement cette affaire Rokia Traoré dépasse l’imagination. Une femme jetée en prison pour avoir enlevé sa propre fille d’un père qu’elle accuse d’attouchement sexuel sur son enfant. Les regards du monde entier sont actuellement rivés sur la justice française pour savoir ce qu’elle fera de cette affaire. Surtout qu’on parle d’extradition, par la France, d’une citoyenne française, vers la Belgique.

On serait tenté de poser la question de savoir est-ce que ce ne sont pas ses origines maliennes qui la fragilisent autant, car cette affaire a tout l’air d’une fiction. Une femme, Rokia Traoré ou on ne sait comment, mais c’est une mère qui a enlevé sa fille, dont la garde a été confiée par la justice belge à son père, Jans Goosens, Belge et ancien directeur du Théâtre royal flamand de Bruxelles. Jugement rendu donc sur le territoire belge dans une affaire opposant un Belge à une Française d’origine malienne. Et c’est cette même justice belge qui a lancé un mandat d’arrêt contre cette Franco-malienne, lequel mandat a été exécuté par les autorités françaises.

Actuellement, il est question d’extradition. Oui, maître Franck Berton, avocat belge et conseil de l’ancien compagnon de la chanteuse, est d’avis que la France est incompétente pour juger cette affaire, son client étant citoyen belge résidant en Belgique. Reste à savoir si la France va jeter en pâture une de ses concitoyennes. Car autant la France est incompétente pour juger une affaire concernant un citoyen belge, autant la Belgique doit être déclarée incompétente pour juger une affaire concernant une citoyenne française. A moins que la France ne considère Rokia Traoré comme une Malienne, sans plus. Et c’est d’ailleurs ce qu’il faut comprendre avec cette arrestation suivie d’un emprisonnement. Une contrainte par corps qui ne se justifie point.

Il est ici question de plaintes. Oui, plusieurs plaintes, dont la dernière concerne cette affaire d’enlèvement. Mais avant cette plainte, il y en a eu d’autres. Déposées par Rokia Traoré, en France et au Mali. Mais visiblement Rokia Traoré, ne peut pas compter sur les services du Président Ibrahima Boubacar Keita, visiblement lié. Par quoi ? Lui seul sait. Par contre, cette pauvre femme peut espérer compter sur le jeune, mais diligent Président français, Emmanuel Macron, qui devra faire le nécessaire pour que cette affaire soit tirée au clair. Car, il est ici question, pour la justice française de trancher. Une belle occasion pour le législateur français de traiter les plaintes au cas par cas. Naturellement, en respectant la règle de bienséance certes, mais aussi et surtout la règle de préséance. Et le premier cas, serait naturellement de faire toute la lumière sur les attouchements dont serait victime la fille de Rokia Traoré, la petite Uma, et pour lesquels la chanteuse a déposé plainte en France et même au Mali.

Rokia Traoré est autrice, compositrice mais c’est aussi une femme engagée depuis de nombreuses années notamment auprès des réfugiés à travers le monde. En 2016, elle a été nommée ambassadrice de bonne volonté par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) rappelle la Sacem, la puissante société qui défend les intérêts des artistes musiciens en France et qui a fait un communiqué pour exiger sa libération.

Car c’est sans doute face à l’inaction des autorités judiciaires françaises et maliennes que Rokia Traoré a tenté de résoudre la question à sa manière. A-t-elle agi pour sauver sa fille ? Ou l’a-t-elle fait par mauvaise foi ? Sans légitimer son acte, il appartient à la justice de faire la lumière et savoir si attouchements il y a. Il revient à la justice française de s’assurer que cette petite de cinq ans n’est pas entre des mains dangereuses. Car, dans ce monde d’aujourd’hui, tout est possible.

Pour l’heure, l’avocat de Rokia Traoré, Maître Kenneth Feliho, qui veut éviter l’extradition de sa cliente, en grève de la faim depuis son arrestation le 10 mars dernier, a déposé une demande de liberté provisoire pour motif de santé et humanitaire. Arrêtée en vertu d’un mandat d’arrêt européen lié à un litige sur la garde de sa fille en Belgique, Rokia Traoré est incarcérée à la maison d’arrêt de Fleury Mérogis, en France.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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