
L’Éthiopie a inauguré mardi 9 septembre son Grand barrage de la Renaissance (GERD), le plus vaste ouvrage hydroélectrique d’Afrique. Symbole de fierté nationale et d’espoir de développement, il doit doubler la production énergétique du pays et renforcer son rôle régional. Mais pour l’Égypte, dépendante du Nil pour sa survie, le barrage représente une menace existentielle. Entre ambitions éthiopiennes et inquiétudes en aval, ce projet devient un foyer de tensions régionales autour de l’eau et de la souveraineté.
Après quatorze années de travaux colossaux, l’Éthiopie a inauguré ce mardi 9 septembre 2025 son Grand barrage de la Renaissance (GERD) sur le Nil Bleu. Présenté comme le plus grand ouvrage hydroélectrique d’Afrique, il symbolise pour Addis-Abeba une victoire historique et un levier de développement. Mais ce projet, célébré en grande pompe, continue de susciter l’inquiétude de ses voisins, en premier lieu l’Égypte.
Une inauguration historique pour l’Afrique
Dressé à Guba, dans l’ouest du pays, l’ouvrage impressionne : 1,8 kilomètre de long, 170 mètres de haut, et une capacité de stockage de 74 milliards de m³ d’eau. Construit pour un coût estimé à 4 milliards de dollars, il pourra produire jusqu’à 5 150 mégawatts, soit plus du double de l’électricité actuellement générée en Éthiopie.
Entouré de plusieurs chefs d’État alliés, le Premier ministre Abiy Ahmed a salué une « grande réussite pour toutes les populations noires » et un pas décisif vers la souveraineté énergétique. Pour un pays où près de la moitié des habitants n’ont pas accès à l’électricité, le GERD incarne une véritable révolution.
Un moteur de développement régional
Le gouvernement prévoit de doubler sa production nationale et d’exporter de l’électricité vers ses voisins, générant jusqu’à un milliard de dollars par an. Déjà, le Soudan du Sud a annoncé vouloir signer un accord d’achat. Les autorités éthiopiennes espèrent ainsi transformer le barrage en moteur d’intégration régionale et en vitrine de leur modernité.
Le GERD est aussi l’un des rares sujets qui fait consensus dans une Éthiopie fracturée par les conflits, notamment dans les régions de l’Amhara et de l’Oromia. Il symbolise un projet national fédérateur, porté par des générations d’ingénieurs et de travailleurs.
Mais si l’ouvrage est acclamé à Addis-Abeba, il est dénoncé au Caire. L’Égypte, qui dépend du Nil pour 97 % de ses besoins en eau, redoute que la mise en service du barrage ne réduise ses ressources hydriques. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a saisi le Conseil de sécurité de l’ONU, dénonçant une « mesure unilatérale » et une « menace existentielle ». Le Caire affirme se réserver le droit de prendre « toutes les mesures » permises par le droit international.
Le Soudan, également concerné par les débits du Nil Bleu, observe la situation avec prudence, oscillant entre coopération énergétique et inquiétude pour son approvisionnement en eau.
Un avenir encore incertain
Malgré les assurances d’Abiy Ahmed affirmant que « le barrage n’affectera pas le développement des pays en aval », le GERD reste un sujet explosif dans la Corne de l’Afrique. Symbole de souveraineté et d’espoir pour les Éthiopiens, il est perçu par l’Égypte comme une menace vitale.