
L’archipel des Seychelles, paradis touristique de l’océan Indien, se trouve à un tournant politique crucial. Alors que le pays détient le titre de nation africaine la plus riche par habitant selon la Banque mondiale, ses électeurs doivent choisir entre deux candidats face à des défis majeurs : la crise de la drogue, la corruption persistante et les enjeux environnementaux.
Depuis jeudi, les Seychellois ont commencé à voter de manière anticipée en vue des élections présidentielles et législatives prévues samedi 27 septembre. Selon Manuella Amesbury, présidente de la commission électorale, les bulletins de vote ont été acheminés par avion vers les îles périphériques, et des bureaux de vote spéciaux ont été ouverts pour les personnes âgées et les travailleurs essentiels.
Un duel entre deux figures politiques connues
Wavel Ramkalawan : le président sortant : Le prêtre anglican devenu leader de l’opposition dès 1976 a finalement accédé au pouvoir en 2020 après six tentatives. Chef du parti Linyon Demokratik Seselwa, il a axé sa campagne sur la relance économique, la durabilité environnementale et le développement social.
Patrick Herminie : l’ancien homme fort du Parlement. Député et ancien président de l’Assemblée nationale de 2007 à 2016, Patrick Herminie représente le Parti Uni des Seychelles, formation qui a longtemps dirigé le pays. Il constitue le principal challenger du président sortant.
La crise de la drogue : un fléau national
La crise liée à la drogue constitue l’enjeu principal de ces élections. Un rapport des Nations Unies de 2017 identifie le pays comme une voie de transit majeure pour les stupéfiants. Plus inquiétant encore, l’indice mondial de la criminalité organisée de 2023 classe les Seychelles comme ayant le taux d’héroïnomanie le plus élevé au monde. 6 000 personnes sur les 120 000 habitants consommeraient de la drogue, avec un taux de dépendance avoisinant les 10% selon des analyses indépendantes, particulièrement dans la capitale Victoria.
Les deux candidats sont critiqués sur leur gestion de ce dossier. Wavel Ramkalawan n’a pas réussi à endiguer la crise durant son mandat, tandis que Patrick Herminie n’a pas su réduire les taux de toxicomanie lorsqu’il dirigeait l’Agence Nationale pour la Prévention de la Toxicomanie et la Réadaptation de 2017 à 2020.
La corruption : une ombre persistante
Bien que les Seychelles affichent le taux de corruption le plus bas d’Afrique subsaharienne et figurent en tête du classement africain en matière de développement, la corruption reste une préoccupation majeure pour les électeurs. Ene effet, cette méfiance trouve ses racines dans les trois décennies de présidence de France-Albert René, marquées par une corruption endémique. La campagne actuelle a été ternie par plusieurs révélations : un candidat, Kisna Louise, fait l’objet d’une enquête judiciaire, tandis qu’un autre, Marco Francis, est accusé d’avoir falsifié son diplôme universitaire.
L’affaire de l’île d’Assomption : souveraineté en question
Une polémique environnementale et territoriale a éclaté une semaine avant les élections. Des militants ont déposé un recours constitutionnel contre le gouvernement sortant, contestant la décision de louer à long terme une partie de l’île d’Assomption à une société qatarienne pour la construction d’un hôtel.
Cette décision suscite la frustration des Seychellois, qui y voient une faveur accordée aux intérêts étrangers au détriment du bien-être national et de la souveraineté territoriale. L’inquiétude est d’autant plus vive que l’île se situe à proximité de l’atoll d’Aldabra, réserve marine classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le scrutin du 27 septembre déterminera qui sera le mieux placé pour relever les défis de la drogue, de la gouvernance et de la préservation de l’environnement, tout en maintenant le statut de prospérité économique de l’archipel.