Ecrit avec tempérament : le dernier roman de Calixthe Beyala


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arton49

C’est son âme toute entière que Calixthe Beyala met dans ses romans, sans retenue, sans fausse pudeur, avec cette franchise décidée et directe qui s’appelle la liberté et cet excès d’existence qui s’appelle le tempérament. On n’entre pas dans son dernier roman, Amours sauvages, il nous happe.

Il nous emporte dans une histoire bourrée de personnages aussi drus et denses que le style de l’écrivain : de Pléthore, grand écrivain maudit mais décevant, à Eve-Marie, l’héroïne, qui comme l’auteur, originaire du Cameroun, ne manque ni d’énergie ni de charme, en passant par Pégase, disséqueur de cadavres, et Flora-Flore, la voisine du troisième  » une brune à frange aussi longue qu’une asperge et qui ne pouvait pas vivre sans les coups de son type « , en passant par le docteur Sans-Souci, mademoiselle Babylisse et le tirailleur Bassonga, sans compter le somptueux et mystérieux Océan, trop aimé mais qui aime trop les hommes.

Le roman projette alors sa prodigieuse cavalcade entre un réalisme brutal qui évoque avec sympathie le Belleville populaire d’aujourd’hui, et une loufoquerie toujours imprévisible où la faconde joyeuse de l’écrivain donne libre court à sa fantaisie : mais ce monde bizarre où des couples improbables rapetassent sans conviction leurs bonnes fortunes et leurs élans, finalement, n’est ce pas le nôtre ? Il paraît parfois grimacer, et puis soudain rit aux éclats, mais c’est pour cacher ses larmes.

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Calixthe Beyala est une romancière sans concession, sans compromission, qui sait écrire comme elle pense, haut et fort. Son style emporte le lecteur, sans ambage, dans un morceau de vie qui file à toute allure et qui contient à parts égales du tragique et du comique, du mélodrame et du théâtre, de la sottise et de la poésie, comme à peu près toute vie ici-bas, à la fois raisonnable et folle. Mais le regard que Calixthe Beyala jette sur ce monde disloqué est plein de bonté. Elle est guidée par une gourmandise des mots qui lui fait aimer les ruptures, les formes neuves, les inventions verbales, cet apport tout vif de la langue parlée à la langue écrite.

Ses Amours sauvages sont comme une transfusion de vie, à consommer sans modération.

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