
À l’appel du Collectif des enseignants du Cameroun, une grève nationale secoue le système éducatif depuis le 22 avril. Baptisée « école morte », cette mobilisation met en lumière une crise profonde, à quelques semaines des examens. Les revendications portent sur la revalorisation du métier, une refonte du système éducatif et des droits sociaux plus équitables.
Depuis ce mardi 22 avril, les salles de classe camerounaises sont restées désespérément vides. À l’appel du Collectif des organisations des enseignants du Cameroun (Corec), une grève de quatre jours baptisée « école morte » paralyse le secteur éducatif sur l’ensemble du territoire. Publiques comme privées, toutes les institutions scolaires sont concernées par ce mouvement, qui intervient à un moment clé : à seulement quelques semaines des examens blancs. Les enseignants grévistes dénoncent la lenteur des réformes et réclament des mesures concrètes pour sauver un système qu’ils jugent à bout de souffle.
Des revendications structurantes pour une école à réinventer
Les motifs de la colère enseignante sont multiples, mais convergent tous vers une même urgence : la refonte du système éducatif camerounais. En tête des revendications figure la tenue d’un forum national de l’éducation, une plateforme de concertation ambitieuse pour repenser en profondeur les objectifs, les moyens et les conditions de fonctionnement de l’école.
Le Corec exige également la revalorisation du statut spécial des enseignants, afin de garantir une reconnaissance réelle de leur rôle dans la société et de leur permettre de se consacrer pleinement à leur métier. À cela s’ajoute une demande pressante : l’adoption d’une convention collective spécifique pour les enseignants du privé, souvent laissés pour compte en matière de droits sociaux.
Un dialogue gouvernemental jugé insuffisant
Ce mouvement de grève n’est pas un coup de tête. Il s’inscrit dans une démarche amorcée depuis plusieurs semaines, avec le dépôt d’un préavis de grève dès la fin mars. Bien que le gouvernement ait entamé un dialogue, notamment par le biais de réunions au ministère de la Fonction publique, les propositions actuelles restent en deçà des attentes.
La rencontre du 17 avril, censée revoir les statuts des enseignants, n’a pas permis de désamorcer la tension. Pour les syndicats, il est clair qu’aucun engagement fort ni plan d’action structurant n’est encore sur la table. La grève apparaît donc comme un cri d’alarme face à ce qu’ils considèrent comme une absence de volonté politique réelle.
Une pression accrue à l’approche des échéances scolaires
Ce nouveau mouvement social prend une dimension particulière à quelques semaines des examens blancs, étape charnière pour des milliers d’élèves. En perturbant le calendrier scolaire, les enseignants cherchent à faire entendre l’urgence de leurs revendications, tout en assumant le risque d’un effet domino sur le déroulement de l’année académique.
Le gouvernement, confronté à cette mobilisation croissante, devra apporter des réponses rapides et concrètes. Car au-delà d’un simple bras de fer syndical, c’est l’avenir de toute une génération qui se joue entre les lignes de cette « école morte ».