Emmanuel Dongala ou le feu sacré


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Le feu des origines
Le feu des origines

Dans « Le Feu des origines », Emmanuel Dongala raconte l’histoire de Mandala Mankunku en même temps qu’il évoque l’Histoire de l’Afrique. Avec son style si riche et si évocateur, l’écrivain fait entrer ses personnages dans la légende.

« Voyageur, lorsque tu seras dans une forêt africaine et que tu entendras le vent bruire parmi les herbes et les feuilles, tu ne t’y tromperas pas : ce n’est pas seulement leur vie que ces arbres centenaires et ces feuilles d’une saison se racontent, ils se transmettent aussi, de génération en génération, tout comme les hommes, la légende de Mandala Mankunku, cet ami des palmes qui osa renverser un puissant ». Mankunku, « celui qui défie les puissants », nés avec des yeux « vert-de-palme, phosphorescents, de fauve nyctalope ». « Des yeux de sorcier malfaisant ». Enfant curieux, assoiffé de connaissance, tour à tour chasseur émérite, forgeron habile ou sculpteur subtil.

Puis, sacré « nganga », « celui qui sait », savant, féticheur, guérisseur. La vie de Mandala Mankunku défile, avec, en parallèle, l’histoire d’un continent sacrifié. Le sien. L’Afrique. Saga à travers le siècle qui a vu naître et mourir les colonies, Le Feu des origines est aussi une quête philosophique. Celle d’un homme hors normes qui cherche sa place dans une société codée et traque la signification de toute chose. Une quête, qui dans un clin d’oeil à un certain philosophe grec, fait dire au héros soulagé : « Maintenant, je sais que je ne sais rien ».

L’horreur du temps de la machine

Une histoire où le mythe et la légende ne sont jamais loin, délicatement mêlés à l’Histoire de l’Afrique qui s’écrivit en lettres de sang. Emmanuel Dongala raconte par l’intermédiaire de son personnage l’arrivée des colonisateurs, conquérants à la « face rougie » et aux « cheveux raides » et leur « mise en valeur » du continent : la poursuite effrénée du caoutchouc puis la construction du chemin de fer (déjà dénoncée par Albert Londres dans Terre d’Ebène), « l’horreur du temps de la machine », l’enrôlement forcé pendant la guerre de 40.

Avec la candeur et la lucidité que l’on trouve dans ses deux autres ouvrages édités aux éditions du Serpent à Plumes, Jazz et vin de palme et Les Petits garçons naissent aussi des étoiles, les personnages de Dongala ont une force sans pareille pour dénoncer les aberrations de l’Histoire et ses cruautés. Sous ses allures de fable, Le Feu des origines est un roman témoignage. Un roman flambeau.

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