Crash d’un avion léger au Kenya : la sécurité de l’aviation civile en Afrique en question


Lecture 4 min.
Crash d'avion, Cameroun
Crash d'avion au Cameroun

Le crash d’un avion léger de l’AMREF à Kiambu, près de Nairobi, jette un coup de projecteur sur les risques persistants liés à l’aviation légère en Afrique. Ce type d’accident montre combien les opérateurs humanitaires et médicaux, sont souvent contraints de voler dans des conditions difficiles. La tragédie, qui a fait deux morts et deux blessés, relance le débat sur la sécurité, la régulation et la maintenance des petits appareils.

Un avion léger appartenant à l’African Medical and Research Foundation (AMREF) s’est écrasé sur un immeuble résidentiel dans la région de Kiambu, au nord-est de Nairobi, au Kenya. Le drame, survenu hier jeudi 7 août, a coûté la vie à deux personnes et fait deux blessés. Il relance les questions sur la sécurité aérienne dans plusieurs pays d’Afrique, en particulier en ce qui concerne les petits aéronefs utilisés pour les missions humanitaires, médicales ou privées.

Les faits

Selon les médias, l’avion transportait quatre personnes. Deux ont survécu à l’accident et ont été hospitalisées. Les autorités locales, représentées par le commandant de la police du comté de Kiambu, Maurice Odanga, ont confirmé l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances du crash. Le site de l’accident, situé à Mwihoko, à environ 20 kilomètres de Nairobi, a été envahi par des secouristes, tandis que des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montraient une colonne de fumée noire s’élevant au-dessus des habitations.

Pour l’heure, ni l’identité des victimes ni les causes exactes de l’accident n’ont été révélées. Cependant, ce nouveau drame remet sur le devant de la scène les nombreux défis liés à l’exploitation des petits avions dans des contextes où les infrastructures, les contrôles de sécurité et la maintenance peuvent parfois être défaillants.

Une série noire qui touche tout le continent

L’accident de Kiambu n’est pas un cas isolé. Ces dernières années, plusieurs pays africains ont connu des incidents similaires impliquant de petits aéronefs. En novembre 2019, un petit avion de la compagnie Busy Bee s’est écrasé peu après son décollage de l’aéroport de Goma, en République Démocratique du Congo. Le crash, survenu dans une zone densément peuplée, avait fait au moins 29 morts, dont plusieurs personnes au sol. Les enquêteurs avaient pointé du doigt une surcharge de l’appareil et une maintenance inadéquate.

En mars 2021, un avion appartenant à une organisation humanitaire locale s’est écrasé dans la région de Jonglei, faisant sept morts. Ce type de tragédie est malheureusement fréquent dans un pays en proie à l’instabilité politique et où les infrastructures aéronautiques sont très limitées. Dans bien des cas, les pilotes doivent se poser sur des pistes non goudronnées, parfois sans aucune aide à la navigation.

Côte d’Ivoire, crash d’un avion de fret

En octobre 2017, un avion-cargo s’est abîmé en mer peu après avoir quitté l’aéroport d’Abidjan. Quatre membres d’équipage ont perdu la vie. L’enquête avait révélé un défaut de communication entre le contrôle aérien et l’équipage, ainsi qu’un mauvais temps. Plusieurs facteurs récurrents expliquent ces tragédies : Vieillissement de la flotte aérienne : De nombreux petits avions utilisés en Afrique sont des appareils de seconde main, parfois âgés de plusieurs décennies, avec des pièces détachées difficiles à obtenir.

Dans certains cas, les normes internationales de maintenance ne sont pas systématiquement appliquées, par manque de moyens ou de structures spécialisées. Le nombre de pilotes formés selon les standards internationaux est encore limité. Cela complique la gestion de situations d’urgence, surtout dans des régions éloignées ou sans contrôle aérien performant. De nombreux pays d’Afrique connaissent des conditions climatiques imprévisibles, notamment en saison des pluies. Beaucoup de régions ne disposent pas d’aéroports bien équipés. Les pistes sont parfois en mauvais état ou mal signalées.

Quelle réponse à l’échelle continentale ?

L’Union africaine, par l’intermédiaire de l’Agence africaine de l’aviation civile (AFCAC), travaille depuis plusieurs années à l’harmonisation des règles de sécurité. En parallèle, des partenariats avec l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) ont été mis en place pour améliorer la surveillance des compagnies aériennes et renforcer la formation du personnel aéronautique. Certains pays, comme l’Éthiopie ou le Rwanda, ont fait des efforts notables pour améliorer leur sécurité aérienne, devenant même des références régionales.

Cependant, le reste du continent progresse à des rythmes inégaux, souvent freinés par des difficultés économiques ou des conflits internes. Rappelons que de nombreux petits avions qui s’écrasent ne sont pas des avions commerciaux, mais des appareils opérés par des ONG ou des services médicaux. C’est le cas de l’appareil d’AMREF au Kenya. Ces avions rendent des services vitaux : évacuations sanitaires, livraisons de médicaments, missions de sauvetage.

Avatar photo
Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News