
Au Sénégal, l’affaire du détournement présumé des fonds alloués à la lutte contre le Covid-19 connaît un nouveau rebondissement. L’ex-ministre des Mines et de la Géologie, Aïssatou Sophie Gladima, a comparu devant la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice. Elle est soupçonnée d’avoir mal géré près de 200 millions de francs CFA dans le cadre d’un projet à Kédougou.
Une audition décisive dans une enquête emblématique des exigences de transparence qui pèsent désormais sur les anciens dignitaires de l’ère Macky Sall.
Une comparution sous haute tension judiciaire
Le 12 juin 2025, Sophie Gladima a été entendue par la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice. Entourée de quatre avocats, l’ancienne ministre a répondu de façon « sereine et complète », selon la défense. L’accusation porte sur deux marchés signés durant son mandat, notamment un projet de centre gravimétrique à Kédougou, censé soutenir les orpailleurs frappés par la crise sanitaire. Sur les 193 millions de FCFA engagés, une partie aurait été utilisée pour l’achat de matériel, mais le terrain promis par l’État n’a jamais été mis à disposition.
Entre erreurs administratives et soupçons de détournement
Pour les avocats de Sophie Gladima, il ne s’agit pas d’un détournement, mais d’une gestion imparfaite du dossier. Me Antoine Mbengue souligne que les fonds ne sont ni dissipés ni introuvables. Une somme de 73 millions de FCFA serait toujours entre les mains d’un intermédiaire et pourrait être restituée au Trésor public une fois les formalités accomplies. La défense met également en avant l’absence de lien direct entre l’ex-ministre et l’exécutant du marché, qu’elle n’aurait jamais rencontré. Ces éléments nourrissent la demande de mise en liberté prochaine déposée par ses avocats.
Une affaire symbole de la nouvelle ère post-Macky Sall
L’affaire Sophie Gladima s’inscrit dans un vaste mouvement de reddition de comptes qui frappe plusieurs anciens ministres du régime de Macky Sall. Trois autres figures de l’ancien gouvernement ont déjà été auditionnées, tandis que l’ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, est également attendu. Cette dynamique judiciaire est suivie de près par l’opinion publique sénégalaise, avide de justice et de transparence après des années de suspicion sur la gestion des fonds d’urgence pendant la pandémie.
En attente d’un verdict à forte portée politique
La décision de la Haute Cour de justice sur le sort de Sophie Gladima sera déterminante. Elle devra trancher entre un non-lieu pour faute de gestion ou un renvoi devant la juridiction pour détournement de fonds publics. Au-delà du cas individuel, ce procès pourrait ouvrir la voie à d’autres poursuites ou, à l’inverse, renforcer les critiques sur un usage politique de la justice.