
À cinq mois de l’élection présidentielle prévue en octobre 2025, Laurent Gbagbo, ancien président de la Côte d’Ivoire et leader du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), intensifie sa campagne malgré son inéligibilité actuelle. Cette situation soulève des questions juridiques et politiques majeures, mettant en lumière les tensions persistantes dans le paysage politique ivoirien.
En Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, candidat déclaré à la Présidentielle d’octobre 2025, continue de multiplier les actions en vue de sa participation effective au scrutin. Et ce, en dépit de son inéligibilité qui demeure à l’heure actuelle un obstacle majeur qui se dresse sur le chemin de l’ancien dirigeant. Le dernier acte en date de Laurent Gbagbo est la mise en place d’un comité chargé de collecter les parrainages comme l’exigent les textes ivoiriens.
Une candidature contestée mais affirmée
Malgré une condamnation à 20 ans de prison en 2018 pour le braquage de la BCEAO, assortie de la perte de ses droits civiques, Laurent Gbagbo a été désigné candidat par son parti pour l’élection présidentielle de 2025. Bien qu’il ait bénéficié d’une grâce présidentielle en août 2022, cette mesure n’a pas rétabli ses droits civiques, le rendant toujours inéligible. Laurent Gbagbo conteste cette inéligibilité, affirmant que sa condamnation est politiquement motivée et qu’il est victime d’une exclusion injuste du processus électoral.
Pour renforcer sa candidature, le PPA-CI a mis en place un comité de collecte des parrainages (CCP), dirigé par Odette Sauyet, vice-présidente du parti. Ce comité est chargé de recueillir les signatures nécessaires à la validation de la candidature de Laurent Gbagbo, conformément au nouvelle article 51 du Code électoral qui stipule que les parrainages doivent être collectés dans les 31 régions et les deux districts autonomes (Abidjan et Yamoussoukro), avec un minimum de 1 % de l’électorat local dans au moins 17 régions ou districts autonomes.
Le PPA-CI a également lancé une plateforme numérique pour la collecte de fonds, visant à mobiliser un million de donateurs pour soutenir la campagne de son président. Des mouvements tels que « Les Messagères de Laurent Gbagbo » ont été créés pour renforcer la mobilisation sur le terrain, en particulier auprès des femmes.
Un contexte juridique et politique extrêmement tendu
La réforme de l’article 51 du Code électoral, adoptée en mai 2025, a renforcé les conditions de parrainage pour les candidats à la Présidentielle. Cette réforme est perçue par certains comme une tentative du gouvernement de restreindre l’accès à la candidature, en particulier pour des figures de l’opposition comme Laurent Gbagbo. Le gouvernement, de son côté, affirme que ces mesures visent au contraire à renforcer la crédibilité du processus électoral et à éviter les candidatures fantaisistes. La Commission électorale indépendante (CEI) a également clarifié que les parrainages doivent être recueillis sur la liste électorale définitive, et non plus provisoire, pour éviter l’invalidation de parrainages due à la radiation ultérieure de certains électeurs.
La détermination de Laurent Gbagbo à se présenter à l’élection présidentielle de 2025, malgré son inéligibilité, pourrait entraîner une confrontation juridique et politique majeure. Si sa candidature est rejetée, cela pourrait provoquer des tensions et des manifestations de ses partisans, exacerbant les divisions politiques dans le pays. La situation actuelle met en évidence les défis auxquels la Côte d’Ivoire est confrontée pour assurer un processus électoral inclusif et apaisé. La gestion de la candidature de Gbagbo, ainsi que la mise en œuvre des nouvelles règles électorales, seront déterminantes pour la stabilité politique du pays dans les mois à venir.