Côte d’Ivoire : feu vert aux bateaux européens pour pêcher le thon


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Image d'illustration pêche
Image d'illustration pêche

Les eaux ivoiriennes accueillent à nouveau les navires européens. Depuis la signature, le 6 juin dernier, d’un nouveau protocole de pêche entre la Côte d’Ivoire et l’Union européenne, les flottes des 27 peuvent officiellement capturer chaque année jusqu’à 6 100 tonnes de thon et d’autres espèces migratrices. Moyennant 740 000 euros annuels, cet accord marque la reprise d’une collaboration interrompue depuis près d’un an.

Si le montant a été revu à la hausse, le contexte, lui, a profondément changé, entre contestations croissantes en Afrique de l’Ouest et raréfaction des ressources marines.

Une manne économique sous tension

Malgré son poids modeste dans le produit intérieur brut (0,5 %), la pêche constitue un pilier économique en Côte d’Ivoire. Le secteur assure environ 100 000 emplois directs et plus de 580 000 emplois indirects, selon le ministère des Ressources animales et halieutiques. Un tiers de cette main-d’œuvre est composé de femmes, impliquées dans la transformation et la commercialisation du poisson. Le retour des navires européens est donc perçu comme un levier de soutien économique, mais soulève aussi de vives inquiétudes.

Des ressources halieutiques en déclin

Entre 2016 et 2023, la production de poissons en Côte d’Ivoire a chuté de 20 %. Ces chiffres illustrent une pression croissante sur les écosystèmes marins. La filière nationale, quant à elle, peine à couvrir entre 15 % et 18 % des besoins de consommation du pays. Le reste est assuré par les importations. Dans ce contexte de vulnérabilité, certains s’interrogent : permettre aux flottes étrangères d’exploiter les eaux nationales est-il un choix judicieux, ou un pari risqué pour l’avenir des ressources locales ?

Une décision controversée en Afrique de l’Ouest

Alors que le Gabon et le Sénégal ont récemment rompu tout accord de pêche avec l’Union européenne, au nom de la protection des ressources marines, la décision ivoirienne apparaît à contre-courant. Ces derniers mois, les critiques se sont multipliées à l’encontre des pratiques des flottes industrielles étrangères, accusées de surpêche, de destruction d’habitats marins et d’appauvrissement des pêcheries locales.

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