Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara investi pour un 4ᵉ mandat : cérémonie, promesses et défis


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Alassane Ouattara, Président de Côte d'Ivoire
Le chef de l'Etat ivoirien, Alassane Ouattara

Ce lundi, le Président Alassane Ouattara a prêté serment pour un quatrième mandat à la tête de la Côte d’Ivoire, au cours d’une cérémonie solennelle tenue au Palais présidentiel d’Abidjan. Après sa réélection le 25 octobre avec près de 90 % des voix, l’investiture marque le début officiel de son mandat 2025-2030.

La cérémonie d’investiture s’est déroulée en présence de plusieurs chefs d’État africains ainsi que de représentants internationaux, soulignant l’importance régionale et continentale accordée à la stabilité politique ivoirienne. Le Président Ouattara, main droite levée, main gauche posée sur la Constitution, a prêté serment solennellement, s’engageant à « respecter et défendre fidèlement la Constitution, incarner l’unité nationale et remplir consciencieusement ses devoirs dans l’intérêt supérieur de la nation ».

Dans son discours d’investiture, il a déclaré vouloir être « le Président de tous les Ivoiriens, sans distinction », rendant hommage au père de la nation, Félix Houphouët-Boigny, et assurant s’inscrire dans la tradition d’unité, d’hospitalité et de cohésion nationale.

Un mandat 2025-2030 placé sous le signe de la « transmission générationnelle » et des réformes économiques

Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir, entend mobiliser ce quatrième mandat autour d’un projet national ambitieux. Selon le Président, ce quinquennat sera celui de « l’audace, de l’innovation et de la transmission générationnelle » : transformation de l’économie, modernisation des infrastructures, renforcement du secteur énergétique, numérique, des transports, développement d’une agriculture moderne et souveraine, et soutien au secteur privé national.

Sur le plan économique, Alassane Ouattara a annoncé la poursuite des réformes des finances publiques afin d’améliorer la mobilisation des ressources internes et l’optimisation des dépenses, tout en consolidant les acquis des dernières années.

Un double défi : consolider la stabilité et répondre aux critiques démocratiques

Avec la reprise de ses fonctions, Alassane Ouattara hérite de deux défis majeurs :

  • Assurer le développement et la stabilité économique : via les réformes annoncées, le développement des infrastructures, le renforcement du secteur privé et la transformation économique, afin de répondre aux attentes des Ivoiriens en matière de croissance, d’emploi et de modernisation.
  • Répondre aux préoccupations démocratiques et aux fractures politiques : longtemps accusé de faire exclure l’opposition et de museler le pluralisme, le pouvoir devra démontrer qu’il entend gouverner pour tous les citoyens et non uniquement pour son camp, tout en instaurant un dialogue inclusif.

Le discours d’investiture témoigne d’aspirations fortes à l’unité, mais aussi d’un pari politique : celui de transformer l’économie sans creuser les divisions, de promouvoir la jeunesse et l’innovation tout en traitant les blessures politiques et sociales laissées par les scrutins successifs.

Vers 2030 : quelle Côte d’Ivoire pour le prochain demi-siècle ?

Ce quatrième mandat pourrait marquer un tournant (ou cristalliser des tensions) selon la conduite du pouvoir. Si les ambitions annoncées sont mises en œuvre, la Côte d’Ivoire pourrait consolider son rôle de hub économique en Afrique de l’Ouest, attirer des investissements, moderniser ses infrastructures et diversifier son économie au-delà du statut de premier exportateur mondial de cacao.

Mais sans une ouverture politique réelle et un dialogue sincère avec l’opposition et la société civile, le pays risque de replonger dans des cycles de défiance, d’abstention et d’instabilité. Le défi est donc autant économique que démocratique.

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Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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