Comment se déroulent les obsèques au Cameroun


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Corbillard pour les personnes nanties
Corbillard pour les personnes nanties

Autrefois, il n’y avait aucune distinction entre les obsèques d’un pauvre et celles d’un riche. Tout se passait de la même manière. Nous notons pour le déplorer que de nos jours, les données ont complètement changé. Ce qui fait que, quand un pauvre meurt, il y a d’abord beaucoup de difficultés pour réunir les moyens financiers et très peu de personnes assistent à ses obsèques. Par contre, quand c’est un homme ou une femme nanti qui passe de vie à trépas, déjà dès l’annonce, les portails toujours fermés, sont grandement ouverts, il y a une marée humaine à son domicile, tous les jours.

Si le défunt a les enfants à l’étranger, le corps devra attendre longtemps à la morgue, le temps, pour ces derniers, de faire les papiers pour pouvoir effectuer le déplacement. Et si tous sont sur place, alors, les assises se multiplient, le comité d’organisation et les commissions (accueil, protocole, logistique, sécurité, santé, restauration,…), sont immédiatement mises en place, un grand marché de vente de tissus, écharpes, foulards, tee-shirts, macarons avec l’effigie du défunt est ouvert, les travaux d’embellissement/construction/réfection du domicile sont engagés en ville et au village.

Présence de ministres et personnalités

Cercueil pour les personnes nanties
Cercueil pour les personnes nanties

Lors de la levée de corps à la morgue, on dénombre plusieurs ministres de culte, toutes confessions confondues, les personnalités, de divers secteurs d’activité, un nombre impressionnant de véhicules de marque. A la grande veillée à son domicile ou à l’église, que ce soit en ville ou au village, c’est le même scénario, mais, ici, les humoristes et musiciens sont invités, afin de maintenir les populations en éveil.

Les gerbes de fleurs sont innombrables, la bière à pression cherche les buveurs. Lors de la collation en ville ou au village, trois buffets sont toujours dressés : le premier pour les VIP (very important personalities), le deuxième pour les gardiens de la tradition et le troisième pour « monsieur tout le monde ».

Obsèques au Cameroun : Des questions se posent

Au vu de la différenciation de participation au dernier hommage qu’on rend au défunt, les questions suivantes sont régulièrement posées :

  • La tombe du riche a-t-elle plus de 2 mètres de profondeur ?
  • Pourquoi n’a-t-il pas emporté son rang social, ses biens matériels et immatériels ?
  • A-t-il eu le temps de vider ses comptes bancaires ?

Tous les morts traités de la même manière

Une tente dressée lors des obsèques d’un riche au village
Une tente dressée lors des obsèques d’un riche au village

Pour le patriarche Samuel Massoki, « nous à l’époque, n’avions pas connu tout ce que je vois aujourd’hui. Tous les morts étaient traités de la même manière. Chacun apportait sa pierre pour que tout se passe dans de très bonnes conditions. Mais de nos jours, quand un homme riche meurt, les gens viennent en grand nombre aux obsèques, ce n’est malheureusement pas pour pleurer. Mais pour les amis du défunt, c’est pour venir manger du caviar et boire les grands vins ».

«  Pour les membres de la famille, c’est le moment de calculer le nombre d’immeubles et de voitures du défunt, draguer la veuve, partager l’héritage. Alors que quand un homme pauvre rend l’âme, il y a trop de difficultés à réunir les moyens financiers. C’est avec trop de peine qu’on paie son linceul, les frais de morgue (s’il est chrétien), la location du car de transport pour amener le corps au village, la collation en ville et au village. Chose curieuse, il manque parfois de ministres de culte », relève le patriarche.

Dieu rappelle qui il veut et quand il veut

« Retenons que : Dieu rappelle qui il veut et quand il veut. Alors, tout ce cérémonial qu’on observe, de nos jours, lors des obsèques, n’a pas vraiment lieu d’être. Pour moi, c’est « jeter de l’argent par la fenêtre ». J’admire la façon de faire de nos frères musulmans. Dès que l’un d’eux décède, ils ne perdent pas le temps, ils enterrent dans les heures qui suivent. Dans Matthieu 19 : 21-24 : « Jésus lui dit : si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis, viens, et suis-moi. Après avoir entendu ces paroles, le jeune homme s’en alla tout triste ; car il avait de grands biens. Jésus dit à ses disciples : je vous le dis en vérité, un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux », poursuit Samuel Massoki.

Tout faire pour plaire à Dieu

« Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. Mais être riche n’est pas un péché. Il faut seulement savoir partager avec les autres. Changeons donc de façon de faire face au dernier voyage d’un être humain. Pendant que nous sommes encore en vie, faisons tout pour plaire à Dieu, c’est-à-dire mettre en application ses commandements. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons espérer être à la droite de notre Père céleste. Nous sommes tous, les créatures de Dieu. Et comme tel, nous sommes tous égaux à ses yeux », a-t-il conclu.

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