Coach Sylvia : « Les femmes sont beaucoup plus endurantes que les hommes »


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Coach Sylvia en plein entraînement
Coach Sylvia en plein entraînement

Nous bouclons le mois de mars, le mois de la femme avec la dernière partie de notre causerie avec coach Sylvia. Dans cette dernière partie de l’entretien, Sylvia Quénum Gandaho s’ouvre davantage à nous sur son métier de coach, ses challenges, ses ambitions, ses accomplissement, ses clients et leurs comportements au cours des séances d’entraînements…   

Vous êtes aujourd’hui, coach sportive et, on peut même dire également nutritionniste pratiquement.

Je ne suis pas nutritionniste de formation. Ça, je le dis toujours à mes clients. Même si je me suis beaucoup documentée, j’ai beaucoup travaillé avec des nutritionnistes, ce qui fait que j’ai des connaissances assez bonnes, de bonnes bases. Mais, puisque je ne suis pas une nutritionniste de formation, souvent, quand les besoins deviennent trop pointus, là j’oriente les clients vers les nutritionnistes, parce qu’il faut quand même laisser à chacun son rôle et sa spécialité.

Alors qu’est-ce que ça signifie pour vous d’être une femme coach sportive dans le contexte béninois ?

Au début, il fut un temps, une période où je pouvais ressentir une certaine difficulté, pas par rapport à mes collègues, mais plutôt par rapport au contexte social. C’est-à-dire que la place de la femme, chez nous au Bénin, c’est quand même assez particulier. Le coaching est un métier qui demande une certaine personnalité, une certaine force mentale, et ce n’est pas toujours bien perçu. Mais les mentalités changent et je dirais même que c’est plutôt bien accueilli, par la majorité des gens, de voir une femme coach. Pour la femme qui exerce ce métier, il peut être difficile, par exemple, de s’organiser pour s’occuper de ses enfants, vu que ça prend assez de temps. Mais, à partir du moment où je suis quand même très bien entourée et bien accompagnée par mon conjoint, je dirai que je n’éprouve pas de difficultés liées à mon travail.

Vous avez commencé par le dire au départ. Quels sont vos objectifs, vos combats en tant que coach ? Qu’est-ce que vous recherchez véritablement ?

Mon objectif, c’est que tout le monde comprenne qu’il faut une activité physique régulière dans son quotidien et qu’il faut une alimentation saine et équilibrée. Une activité physique régulière, ça peut être n’importe quoi, pourvu que ça vous fasse bouger : marcher, nager, faire du vélo, danser pendant une heure, quelque chose qui va vous mettre une certaine intensité. Parce qu’il faut comprendre que ce n’est pas votre heure de sport dans la journée qui constitue toute votre dépense calorifique. Par contre, si vous êtes une personne sédentaire, c’est-à-dire que vous avez un boulot dans un bureau, vous arrivez à 7 h, vous finissez à 17 h et vous ne bougez quasiment pas, bien sûr une heure à la salle, c’est extrêmement important.

Mais, si vous êtes quelqu’un de suffisamment actif, il s’agit de mettre en place une routine qui vous permettra d’acquérir ce bien-être mental et de maintenir votre forme physique. Donc, mon combat, c’est que beaucoup plus de gens comprennent cela, comprennent que c’est important ; que les gens voient moins le sport comme une contrainte ; qu’ils y prennent plus de plaisir. C’est pour ça que le programme Fit’s you est aussi varié, aussi ludique, accessible aux enfants comme aux personnes de 65, 70 ans. C’est vraiment pour que le sport soit beaucoup plus vulgarisé.

Et aujourd’hui, êtes-vous satisfaite de vos accomplissements ?

Oui ! Je suis plutôt contente, mais je dirai que ce n’est qu’un début. Ce n’est vraiment qu’un tout petit point. J’aimerais accompagner beaucoup plus de gens. Moi, je pratique la gratitude au quotidien, même quand c’est un petit accomplissement, je dirai que je suis contente. Mais je ne me repose pas sur ça. Il reste encore beaucoup à faire, et j’aimerais vraiment qu’avec mes confrères et avec mes compatriotes, on arrive à constater, à un moment, que les Béninois ont intégré cette logique de sport au quotidien et qu’on sorte de ce schéma de sportif du dimanche : se lever et marcher sur la plage, courir le samedi ou le dimanche. Mais que ça soit vraiment : oui, je fais du sport, j’en fais au moins trois ou quatre fois dans la semaine. Quand on me dit :« je fais du sport », je demande : combien de fois, vous le faites par semaine ? Si c’est moins de trois fois, ce n’est pas effectif pour le corps.

Vous avez avancé le chiffre de 150 pour estimer l’ensemble de vos clients…

C’est globalement ce que je peux lister des clients que j’ai eus, que j’ai pu aider, qui ont fini par me dire : « on est content, on a atteint nos résultats. Je suis venu avec un objectif, que ce soit un objectif physique ou un objectif de santé, quel qu’il soit, et puis on est reparti satisfait ». Et surtout en continu, parce que même quand j’ai des clients qui ne s’entraînent plus nécessairement avec moi, soit pour des éloignements professionnels soit parce qu’ils ont voulu changer de discipline sportive, pour moi, c’est un accomplissement de savoir qu’ils continuent parce que mon objectif est avant tout qu’ils le fassent, qu’ils apprécient de le faire.

Alors, dites-nous, là tout de suite, vous avez combien de personnes que vous suivez régulièrement ?

Alors, laissez-moi vous faire la liste… J’ai une douzaine de personnes pour ce mois de mars. Ça change d’un moment à l’autre. En général, des coachings quand j’en prends, j’essaie de ne pas dépasser la quinzaine de personnes coachées par mois, parce que j’ai une méthode qui implique que je sois vraiment attentive et présente. Ce qui fait que je ne peux pas me permettre de prendre 25, 30, 50 personnes. S’il s’agit de coachings de groupe, parce que le programme comprend une séance, un bootcamp, c’est-à-dire que c’est une activité d’entraînement intensif qu’on fait les samedis, là il y a des groupes importants qui viennent. On peut être une vingtaine, une trentaine de personnes sur une seule séance.

Et ces séances-là, je les ai initiées vraiment pour encourager les gens à venir en famille, avec leurs enfants, avec des amis, s’entraîner et prendre du plaisir, prendre goût. En fait, s’ils viennent et que la séance leur plaît, forcément ils auront envie de continuer, de se mettre au sport. Ce sera beaucoup plus facile de démarrer en se disant : j’ai suivi une séance, c’était intéressant. Pour le coaching personnalisé où je vais accompagner les gens sur tous les aspects de la santé, je prends une douzaine ou une quinzaine de personnes par mois. Sur les inscriptions sur le mois, les places sont limitées.

Et ceux-là, vous les prenez comment ? Chez eux à la maison ?

Ah ça dépend ! Parce qu’il y a des personnes qui ne sont pas forcément sociables, et n’aiment pas s’entraîner sous le regard des autres. Pour ceux-là, je peux me déplacer pour des coachings à domicile. Mais, il y a ceux qui ont besoin d’émulation collective, qui ont besoin de sentir que l’effort des autres les porte aussi. Donc, ceux-là s’inscrivent pour le coaching de groupe. Ce programme se décline sous plusieurs aspects. Soit, je fais des coachings individuels personnalisés à domicile, soit je fais des coachings de groupe que ce soit sur mon espace sportif ou en salle. Donc, ça dépend du client et du besoin qu’il a exprimé.

Est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui, on peut vivre du métier de coach sportif ?

Oui je pense. On peut en vivre. Ça demande beaucoup d’organisation, mais on peut en vivre. De nos jours, il y a tellement de personnes qui sont coachs sportifs. Mais, beaucoup n’y viennent pas forcément par vocation. Ils y viennent parce qu’ils pensent qu’ils peuvent se faire des sous facilement dans ce métier. Mais, en réalité, ce n’est pas un métier où on peut se faire des sous faciles. Pas du tout (Rires). Néanmoins, on peut en vivre.

Vous associez à cela l’enseignement et quoi d’autre ?

Moi je suis professeure d’arts plastiques et d’histoire de l’art et je suis responsable des activités culturelles et sportives au sein de mon établissement. C’est vrai que j’ai pas mal d’autres activités autour, parce que je suis quelqu’un qui a besoin de se dépenser, comme je l’ai dit. Mais, je donne des cours aux enfants, et c’est toujours dans la pédagogie. Donc tout comme dans le coaching, c’est la pédagogie. J’aime partager ce que je sais dans un état d’esprit de bienveillance et d’écoute. C’est pareil avec les enfants. Leur transmettre des connaissances, les aider à grandir et à prendre conscience.

Vous avez dit tout à l’heure que vous êtes nombreux à être coachs sportifs au Bénin. Dans ce groupe-là, quelle est la part des femmes ?

Pas très importante au Bénin ; en tout cas, pas encore assez importante. Je connais quelques coachs femmes, bien sûr, ça commence à venir un tout petit peu. Mais, elle est très minime. Je n’ai pas vraiment fait une étude sur la question, mais je dirai que les femmes doivent être moins de 10%.

Vous parvenez à allier toutes ses occupations-là avec votre rôle de mère grâce à l’appui de votre conjoint, vous avez dit…

Quand je disais que l’on construit nos enfants, ce sont les hommes de demain, les décideurs de demain, donc il faut leur montrer l’exemple. Dans mon métier, dans mes différentes activités, c’est ce que j’essaye de faire. De concilier mon rôle de maman avec mon travail et de faire en sorte aussi que mes enfants soient présents sur mes différentes activités, pour pouvoir partager plus de temps avec eux, pour pouvoir les impliquer aussi dans le travail que je fais pour que ça puisse les aider aussi à savoir, dans l’avenir, ce qu’ils aimeraient faire. Plus les enfants ont la possibilité de faire des choses variées, plus ça développe leur créativité et leur confiance en eux. Ça leur permet aussi de savoir ce qu’ils ont envie de faire. Avoir une maman active, je pense que ça leur fait du bien. C’est pour eux un motif de se dire au quotidien qu’on ne se laisse pas aller, on ne se laisse pas faire, on bouge, on apprend des cours, on partage.

Quel est le groupe dominant parmi vos clients ? Est-ce que ce sont les femmes ? Les hommes ? Des jeunes ? Des personnes du troisième âge ?

J’ai une amie et collègue qui a justement dit que c’était très intéressant de regarder mes statistiques parce que c’est du 50-50. C’est très équilibré. J’ai autant d’hommes que de femmes, des jeunes, des moins jeunes. C’est vraiment un mélange de tout, je n’ai pas que des femmes.

Et ils arrivent tous à suivre le même rythme quand vous organisez des séances d’ensemble ?

Non (Rires). Les hommes ont tendance à tenir moins longtemps que les femmes. En général, à parts égales, quand j’ai un groupe qui commence avec des hommes et des femmes, très vite, vous allez voir que les hommes abandonnent. Ils ont toujours de bonnes excuses : « au boulot, je n’ai pas beaucoup de temps ». Je répond généralement : « à côté, vos conjointes, vos sœurs, elles travaillent aussi. Elles sont toutes des mamans, souvent. Donc quand vous avancez ces arguments-là, il faut les avancer très doucement, du bout des lèvres ». Mais souvent ce qu’ils me disent, c’est : « oui, coach, tu sais, nous les hommes, ce n’est pas pareil. Nous, nous devons tenir le foyer, donc on ne peut pas se permettre certaines choses ». On peut se le permettre. Tout est une question d’organisation et de discipline. Les femmes, paradoxalement, sont beaucoup plus endurantes que les hommes.

C’est ce que vous avez remarqué ?

C’est ce que j’ai remarqué. Elles sont plus résistantes, elles sont plus endurantes et quand elles s’investissent, elles finissent plus leur parcours que les hommes.

Ah bon ?

Oui

Et pendant la pratique même, en termes de résistance physique, que remarquez-vous ?

Les hommes sont plus à l’aise sur les entraînements qui vont être avec des charges, c’est-à-dire, si vous leur donnez des haltères, si vous les mettez sur des machines où ils vont devoir soulever du lourd, ils sont à l’aise. Mais dès que vous alignez la dimension intensité-entraînement-cardio-agilité-souplesse ou si vous amenez des entraînements de coordination, vous allez les perdre.

Merci bien coach Sylvia. Avez-vous un mot de fin ?

Mon mot de fin, c’est d’inviter chaque lecteur à venir découvrir le programme Fit’s you parce qu’il a été pensé pour chacun de nous. Le nom Fit’s you est un jeu de mots dans lequel le “F” veut dire flamme ; et cette flamme, c’est toi. C’est la flamme de ta vie, de tes objectifs, de tes projets, c’est toi-même. C’est à toi de faire briller cette flamme de toutes les manières possibles et comme Fit’s you est un programme qui allie santé et bien-être, il vous aide à être la meilleure version de vous-même, à faire face avec succès à vos challenges quels qu’ils soient pour vivre mieux.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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