Ces métis vivant comme des Blancs pour échapper à la ségrégation


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Durant la ségrégation, être Noir était un crime en soi. Ainsi, nombreux ont été les Afro-Américains de peau claire ou métisse qui se faisaient passer pour des Blancs pour échapper au régime d’exclusion socio-économique et politique. La New York Review of Books y consacre un dossier. Afrik.com en fait la synthèse et en donne une perspective à l’aune du débat sur les origines de Barack Obama, le 44e président des Etats-Unis candidat à sa propre élection.

De la peau noire à la peau blanche. Pour échapper à la ségrégation, régime d’exclusion socio-économique et politique, nombreux ont été les Noirs américains qui se sont fait passer pour des Blancs. La New York Review of Books y consacre un dossier, relatant les histoires de quelques familles d’Afro-Américains de peau claire ou métisse qui ont préféré vivre comme des Blancs. En cas de doute sur la couleur de peau de ces derniers, un tribunal était chargé de statuer. Le débat sur la couleur de peau de Barack Obama, lors de l’élection présidentielle de 2008, a exhumé ces pages sombres de l’Histoire des Etats-Unis.

Les soixante-dix ans de guerre de Sécession, mettant fin à l’esclavage, n’ont pas réglé la politique discriminatoire et raciste qui reprend de plus belle dans les années 1920 sous forme de ségrégation. « Les Noirs étaient bannis des hôtels et des restaurants, exclus des emplois fédéraux et régulièrement persécutés par les sudistes du Congrès, visiblement déterminés à éliminer toute présence métisse à Washington », précise New York Review of Books qui consacre un dossier de trois pages à ce thème.

Les rares notables noirs -médecins, avocats, juges, professeurs, et hommes d’affaires- étaient également ostracisés et méprisés dans les plus hautes instances de l’Etat. Les quotidiens de la communauté noire américaine -le Baltimore Afro-American, le Chicago Defender et le Washington Tribune– faisaient régulièrement écho du traitement répressif réservé aux Américains de couleur.

Les métis mieux lotis que les Noirs

« Les classes supérieures noires se composaient majoritairement de familles dont l’ascendance africaine était souvent invisible à l’œil non averti », souligne la revue. Du coup, les Noirs à la peau claire ou métisse faisaient semblant d’être Blancs, certains se faisaient passer pour des Portugais ou Espagnols pour s’affranchir du régime ségrégationniste et ainsi échapper aux préjugés.

Les métis, appelés « transfuges », déménageaient dans une autre ville où personne ne les connaissait, afin d’y recommencer une vie toute autre dans la peau d’un Blanc. Ce stratagème ne fonctionnait pas à tous les coups. New York Review of Books cite l’exemple de Stephen Wall qui, en 1910, s’est installé dans un quartier blanc pour faire « admettre sa fille blonde aux yeux bleus, Isabel, dans une école blanche qui la rejeta au motif que du « sang de couleur » coulait dans ses veines ».

Barack Obama : Noir, Blanc, ou métis ?

Presque un siècle plus-tard, la couleur de peau continue de diviser les sociétés mêmes les plus modernes. La presse française a, quasiment, connu Barack Obama lors de la présidentielle américaine de 2008. Au moment de cette campagne électorale, les débats faisaient rage sur la couleur de peau de celui qui est devenu par la suite le 44e président des Etats-Unis. Dans l’Hexagone, certains journalistes et observateurs ne comprenaient pas pourquoi aux Etats-Unis on qualifiait le candidat démocrate de « Noir » or il est métis de peau.

Parce qu’aux Etats-Unis les termes métis et métisse n’existent pas. En revanche, les détracteurs américains de Barack Obama se demandaient quant à eux s’il était vraiment Américain -car il a passé sa petite enfance en Indonésie bien qu’étant né dans l’Etat d’Hawaï-, et si ce fils d’un immigré kényan n’était pas musulman.

Même une frange de l’élite noire américaine était, au départ, sceptique à la candidature de Barack Obama, à l’époque sénateur de l’Illinois, à la présidence des Etats-Unis. On lui reprochait d’être « un Blanc à la peau noire ».

L’époque de l’esclavage et de la ségrégation est bien révolue. Dorénavant, les Afro-Américains assument et revendiquent leur appartenance raciale au risque d’être parfois accusés de communautarisme. En 2008, ils ont voté à hauteur de 95% pour Barack Obama.

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