Cameroun : construire un caveau familial, une dépense inutile ?


Lecture 3 min.
Un caveau
Un caveau

La construction de caveau de famille, autrefois méconnue des populations camerounaises, semble à la mode dans nos villes et villages. Vu son coût très élevé, les caveaux restent encore réservés aux personnes nanties.

Des nombreuses personnes rencontrées, les avis sont presque les mêmes. Pour elles, construire un caveau de son vivant, veut dire qu’au paradis : on est différent des autres, qu’on emporte son rang social, sa richesse, ou encore étant dans son caveau, on sera bien vu et très vite accueilli par le Seigneur. Même si notre passage sur terre a causé du tort à de nombreuses personnes. Qu’est-ce qui se cache donc derrière cet investissement ?

La construction de caveaux à la mode au Cameroun
La construction de caveaux à la mode au Cameroun

Pour le doyen Roger Moudangwa, « depuis mon jeune âge, je n’ai pas vu un endroit où on enterre plus d’une personne. Il n’y a que les prisonniers, les putschistes, les personnes décédées des suites de naufrage, d’incendie, d’une maladie contagieuse (choléra, Ebola…), qui étaient enfouies dans une fosse commune. De nos jours, la construction de caveaux de famille commence à entrer dans nos mœurs, bien que très couteux. Pour ma part, le caveau n’est pas très différent d’une vidéo ou des photos. Il permet de voir, à tout moment, les restes des personnes rappelées à Dieu. À travers la vidéo et les photos, on peut également revivre la cérémonie des obsèques. C’est également une façon de remuer le couteau dans la plaie, car, on ne peut pas voir la vidéo/photos des obsèques de nos êtres chers ou entrer dans un caveau sans couler de chaudes larmes ».

Un caveau ? « Jeter de l’argent par la fenêtre »

« En plus, c’est jeter de l’argent par la fenêtre. Bien que dans certains caveaux de famille, on a souvent retrouvé des liasses et des sacs de billets de banque ou les objets de valeur. Peut-on dire que pour certains, c’est une cachette de l’argent frauduleusement acquis ? Cet argent ne pouvait-il pas servir à nourrir les orphelins, les veufs et veuves, les personnes du troisième âge, ou encore construire des industries, afin de réduire le taux de chômage toujours grandissant dans notre pays ? », a-t-il ajouté.

« Moi je n’ai rien contre les personnes qui construisent les caveaux familiaux. S’il arrive que j’aie beaucoup d’argent, je ne le ferai pas. Pour moi, voir tous les jours le lieu où je serai inhumée va me rendre très triste, toute ma vie. Je penserai toujours à la mort. Et je ne cesserai de me demander pourquoi me marier, étudier, avoir des enfants, des vêtements et objets de valeur, une voiture, un terrain, de l’argent, une maison, un travail, faire telle ou telle chose, alors que dans les minutes qui suivent, je vais tout laisser », déclare l’étudiante Cécile Ngo Nong.

« Bref, pour ma part, construire un caveau familial, c’est coller le diable au mur. Mais je sais une chose, c’est que tout le monde mourra. De notre vivant, posons des gestes louables, lesquels marqueront les générations futures et feront parler de nous en bien », a-t-elle conclu.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News