Cameroun anglophone : à Buea, le gouvernement relance la reconstruction malgré les défis


Lecture 3 min.
Drapeau du Cameroun
Drapeau du Cameroun

À Buea, capitale du Sud-Ouest camerounais encore marquée par les stigmates du conflit, le Premier ministre Joseph Dion Ngute a présidé une réunion stratégique du Plan présidentiel pour la reconstruction et le développement (PPRD). Objectif : dresser un premier bilan et relancer la dynamique, malgré les obstacles financiers et l’insécurité persistante.

Alors que les séquelles de la crise anglophone sont encore vifs, le Premier ministre camerounais Joseph Dion Ngute a présidé, à Buea, la sixième session du comité directeur du Plan présidentiel pour la reconstruction et le développement (PPRD) des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. L’occasion de dresser un bilan d’étape, de raviver les espoirs de relance socio-économique, mais aussi de pointer les limites d’un chantier aussi ambitieux que controversé.

Un retour symbolique à Buea, capitale meurtrie mais résiliente

C’est au cœur de Buea, capitale régionale du Sud-Ouest, que s’est tenue la réunion stratégique du PPRD, dans un hôtel sécurisé mais situé au milieu d’une ville encore marquée par les stigmates du conflit. Accueilli par des militants du RDPC et des citoyens venus au pont Moungo et au Mile 17, le Premier ministre Joseph Dion Ngute a souligné l’importance de planifier « de manière rationnelle » les prochaines étapes du plan présidentiel. Un plan qui, selon lui, commence à porter ses fruits, notamment dans le secteur éducatif : l’école camerouno-arabique de Buea, autrefois désertée, accueille aujourd’hui près de 160 élèves. Un progrès modeste, mais révélateur.

Le PPRD, lancé en 2020, vise à réparer les destructions causées par la guerre séparatiste, en reconstruisant les infrastructures, relançant les activités économiques et redonnant accès à l’éducation. Le budget total s’élève à 2 500 milliards de FCFA, répartis entre la reconstruction (136 milliards), le développement des infrastructures (1 587 milliards) et l’appui socio-économique (87 milliards). Toutefois, malgré des annonces optimistes, la mobilisation financière reste lente : seulement 50 milliards FCFA avaient été effectivement collectés sur les 154 milliards prévus dans la première phase, même si Paul Tasong, président du comité de pilotage, affirme que « plus de 600 milliards » sont désormais mobilisés pour l’ensemble du programme.

Un appel lancé aux bailleurs et aux partenaires réticents

Le manque d’adhésion de certains bailleurs de fonds demeure un frein majeur. Plusieurs partenaires internationaux conditionnent leur appui à un véritable dialogue politique, estimant que la paix durable doit précéder toute reconstruction. Conscient de cet enjeu, Joseph Dion Ngute a appelé à la solidarité nationale et internationale : « Les besoins sont énormes. Le gouvernement fait des efforts. Nous avons des bailleurs qui nous soutiennent, mais nous invitons d’autres à nous rejoindre pour multiplier les succès. » Il s’agit là d’un signal lancé aux États amis du Cameroun et aux organisations internationales, mais aussi à la diaspora.

Si des signes de normalisation apparaissent dans certains centres urbains, comme Buea ou Bamenda, la situation sécuritaire dans le reste des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest reste tendue. Les écoles rouvrent timidement, les routes sont parfois praticables, mais la peur et l’insécurité demeurent une réalité quotidienne. Plus de 200 000 enfants n’ont pas pu aller à l’école en 2024 selon l’ONU.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News